Aller au contenu

Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 11.djvu/721

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sans qui attendent pour entrer. Lorsque cela se rencontre, le major doit faire éloigner tout le monde de cinquante pas de la barriere avant de l’ouvrir, & ne laisser entrer personne que quand la découverte est faite ; même il ne faut point souffrir qu’ils entrent en confusion.

Les soldats commandés pour la découverte doivent visiter bien exactement autour de la place, & sur-tout dans les endroits qui sont un peu couverts ; & s’ils y trouvent des gens cachés, ils doivent les amener. Lorsqu’ils sont de retour, on abaisse les ponts pour faire rentrer le major avec les clés & les soldats ; mais on doit tenir les barrieres fermées & ne laisser que les guichets ouverts, jusqu’à ce que le soleil soit bien haut & les cavaliers de retour. Le sergent va reporter les clés chez le gouverneur ou le commandant ; l’officier fait poser les armes à sa garde par ce commandement : Prenez garde à vous : que la file de la droite ne bouge : marche. La file de la gauche va s’entremêler avec la droite, & les deux n’en font plus qu’une. A gauche : présentez vos armes : marche ; les soldats défilent tous devant l’officier les armes présentées, & vont les poser par escouade. Le tambour bat le drapeau. Les caporaux relevent la grande pose, c’est-à-dire les sentinelles des endroits où on n’en doit placer que pendant la nuit, & celui de consigne ramasse les numeros des rondes, les boîtes & la feuille, & va tout porter chez le major. Voyez Ronde.

Lorsqu’il se présente un grand nombre de chariots, ce qui arrive sur-tout dans les tems de la moisson, l’officier de garde ne doit point les laisser passer tous à-la-fois, crainte que les ponts ne se trouvent embarrassés, mais faire observer une grande distance des uns aux autres, & le consigne qui est à la porte doit sonder avec une broche de fer, s’il n’y a pas des gens cachés dans le foin ou dans le blé qui est sur les chariots. Enfin l’officier doit prendre toutes les précautions possibles pour ne pas recevoir un affront ; car c’est sur lui qu’on se repose de la sûreté de la place & de la garnison.

Sur les neuf ou dix heures, il fait donner congé à deux soldats par escouade tour-à-tour pour aller dîner. Enfin lorsque l’heure de descendre la garde est arrivée, on le releve, & il ramene sa troupe en bon ordre sur la place d’armes. Les autres gardes relevées y arrivent aussi en même tems, le major les met en bataille à mesure qu’elles arrivent, & lorsqu’elles le sont toutes, il les congédie : on appelle cela descendre la parade.

La fermeture des portes se fait à-peu-près avec les mêmes attentions que l’ouverture.

Une heure avant que le soleil se couche, le tambour de garde monte sur le rempart & bat la retraite pour avertir ceux qui sont dehors qu’il est tems de se retirer, & qu’on fermera bientôt la porte. Après cette retraite, l’officier doit faire pousser la barriere & ne laisser que les guichets ouverts. On ne doit plus laisser sortir des soldats de la place. Dans les villes de guerre, outre la retraite que le tambour bat, on sonne la cloche du beffroi. Voyez Beffroi.

Un sergent de chaque porte escorté par deux fusiliers de son corps de garde, va chercher les clés chez le gouverneur ou commandant, & dès que la sentinelle qui est devant les armes apperçoit le sergent qui arrive avec les clés, elle avertit. L’officier fait prendre les armes, & range sa garde de la même maniere que pour l’ouverture des portes. Il fait commander quatre soldats pour escorter les clés jusqu’à la derniere barriere, & en fait placer deux les armes présentées sur chaque pont levis : enfin il en fait commander un nombre suffisant sans armes pour pousser les portes & les barrieres, & lever les ponts.

Lorsque le major est arrivé avec le capitaine des portes, le sergent de garde marche avec les clés & les soldats commandés pour les escorter ; le caporal consigné portant le falot lorsqu’il est tard, le major & le capitaine des portes vont jusqu’à la derniere barriere, & celui ci commence de fermer. Le tambour de garde bat aux champs jusqu’à ce que toutes les portes soient fermées, à moins qu’il ne soit fort tard, l’usage n’étant pas de battre pendant la nuit. Le major donne l’ordre & le mot aux sergens, qui doivent passer la nuit aux avancées. Après que la porte est fermée, le sergent va reporter les clés chez le commandant escorté toujours par deux soldats. L’officier fait poser les armes à sa garde, comme après l’ouverture des portes.

Les caporaux vont ensuite faire la grande pose : dès qu’elle est faite, les sentinelles ne laissent passer personne sur le rempart, à la réserve des rondes qui doivent porter du feu.

Lorsque le sergent a remis les clés chez le commandant, il va à l’ordre ; & dès qu’il l’a reçu, il va le porter à son officier de garde : il le donne ensuite aux caporaux, & leur distribue leurs rondes. Voyez Ronde & Mot. (Q)

Ouverture, on appelle ouverture d’une foire le jour fixé par le magistrat, pour y commencer la vente & l’achat des marchandises. L’ouverture des foires de S. Germain & de S. Laurent se publie à Paris à son de trompe, & se fait en vertu d’une ordonnance du lieutenant général de police, qu’on affiche aux principaux carrefours de la ville. Voyez Foire. Dict. de commerce.

Ouverture, s. m. en Musique, est un morceau considérable de symphonie qui se met à la tête des grandes pieces de musique, comme sont les opéra.

Les ouvertures des opéra françois sont toutes jettées sur le moule de celles de Lully. Elles sont composées d’un morceau grave & majestueux, qui forme le début, & qu’on joue deux fois, & d’une reprise gaie, qui est ordinairement fuguée ; plusieurs de ces reprises rentrent encore dans le grave en finissant.

Il a été un tems où les ouvertures françoises donnoient le ton à toute l’Europe. Il n’y a guere que cinquante ans qu’on faisoit venir en Italie des ouvertures de France pour mettre à la tête des opera de ce pays-là. J’ai vu même plusieurs anciens opéra italiens notés avec une ouverture de Lully à la tête. C’est de quoi les Italiens ne conviennent pas aujourd’hui ; mais le fait ne laisse pas d’être très-certain.

La musique instrumentale ayant fait un chemin prodigieux depuis une trentaine d’années, les vieilles ouvertures faites pour des symphonistes trop bornés ont été bientôt laissées aux François. Les Italiens n’ont pas même tardé à secouer le joug de l’ordonnance françoise, & ils distribuent aujourd’hui leurs ouvertures d’une autre maniere. Ils débutent par un morceau bruyant & vif à deux ou à quatre tems ; puis ils donnent un andante à demi-jeu, dans lequel ils tâchent de déployer toutes les graces du beau chant, & ils finissent par un allegro très-vif, ordinairement à trois tems.

La raison qu’ils donnent de cette nouvelle distribution, est que dans un spectacle nombreux où l’on fait beaucoup de bruit, il faut d’abord fixer l’attention du spectateur par un début brillant qui frappe & qui réveille. Ils disent que le grave de nos ouvertures n’est presque entendu ni écouté de personne, & que notre premier coup d’archet que nous vantons avec tant d’emphase, est plus propre à préparer à l’ennui qu’à l’attention.

Cette vieille routine d’ouvertures a fait naître en France une plaisante idée. Plusieurs se sont imaginé