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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 16.djvu/580

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un petit passage bc à l’air condensé, dont le porte vent est rempli ; cet air passera dans la boëte edc, où il se condensera, jusqu’à ce que son ressort soit assez puissant pour vaincre la résistance que la soupape AB & les poids C dont elle est chargée, lui opposent ; laquelle résistance doit toujours être moindre que celle qui feroit équilibre avec le ressort de l’air contenu dans le porte-vent, car si elle étoit égale ou plus grande, jamais le vent ne pourroit lever la soupape AB.

Lorsque l’air qui s’est introduit dans la boëte ou chambre edc, a acquis un degré de condensation, dont le ressort est tant soit peu plus grand que la résistance que la soupape AB oppose, il force cet obstacle, & se raréfie dans la chambre edc au moyen de l’ouverture de la soupape AB. Cet air ainsi raréfié n’est plus en état de faire équilibre avec l’air contenu dans l’espace fgaO, qui est aussi condensé que celui qui est contenu dans le reste du porte-vent, & de soutenir la soupape ab par le côté i ; l’air condensé qui presse de l’autre côté, se dilatera donc, & repoussera la soupape ab contre l’ouverture ec de la boëte edc, ce qui donnera le tems à la soupape AB qui n’est plus soutenue (l’air dont la chambre edc étoit remplie étant raréfié par l’émission qui s’en est faite d’une partie) de retomber sur la boëte edc, & de la fermer de nouveau, aussi-tôt la soupape ab s’ouvre déterminée à cela par les ressorts fgi & nb, qui dans leur état neutre ou de repos, ne compriment pas la soupape contre l’ouverture ec, mais laissent une petite ouverture bc de 3 ou 4 lignes par où l’air contenu dans le porte-vent s’introduit de nouveau dans la chambre edc où il se condense pour recommencer le même effet.

Ce qu’on appelle l’état neutre ou de repos d’un ressort, est l’état où un ressort, par exemple, courbé en U ou en helice, se met de lui-même. Si on veut approcher les deux extrémités du ressort l’une de l’autre, on éprouve une résistance d’autant plus grande qu’on le comprime plus fortement ; si au contraire on veut les écarter, on sent de même croître la résistance, à proportion de l’effort que l’on fait pour les séparer ; de sorte qu’un ressort resiste également à la compression & à la dilatation qui dans ce cas est une compression particuliere.

Les alternatives de densité & de dilatation de l’air qui échappe par les soupapes du tremblant, se communiquent à l’air condensé contenu dans la laie & par les gravures dont les soupapes sont ouvertes aux tuyaux que l’on entend alternativement parler fort & parler foiblement, ou même parler & se taire avec une célérité telle que la soupape AB bat quatre ou cinq fois par seconde de tems, ce qui convient à certaines pieces de musique, & singulierement à celles qu’on exécute avec les jeux d’anches. Voyez Jeux.

TREMBLE, s. m. (Botan.) arbre qui tient plus du peuplier noir que du peuplier blanc ; il est nommé populus libyca par Ger & Parkius. Populus tremula par C. B. Tournef. &c. Ses feuilles sont arrondies, découpées aux bords, dures, noirâtres, attachées par des queues longues, tremblantes presque toujours, même en tems calme : ses racines descendent assez profondément en terre, ses chatons sont plus longs & plus noirs que ceux des autres especes de peupliers.

Si cet arbre est en effet une espece du genre des peupliers, c’est la plus commune, la plus ignoble & la moins utile de toutes ; & c’est le bois de la plus mauvaise espece qu’il y ait dans les forêts : mais comme le tremble vient dans toutes sortes de terreins, même dans ceux qui sont froids, humides & stériles, où les autres arbres se refusent ; on peut l’employer dans ces cas là. Voyez le mot Peuplier.

Tremble. Voyez Torpille.

TREMBLÉ, adj. (Ecrit.) se dit dans l’écriture d’un caractere sorti d’une main timide, qui n’a les mouvemens ni libres ni sûrs, & qui ne peut former en effet que des traits maigres, égratignés, tremblés.

TREMBLEMENS de Terre, (Hist. nat. Minér. & Physiq.) terræ motus ; ce sont des secousses violentes par lesquelles des parties considérables de notre globe sont ébranlées d’une façon plus ou moins sensible.

De tous les phénomenes de la nature il n’en est point dont les effets soient plus terribles & plus étendus que ceux des tremblemens de terre ; c’est de leur part que la face de notre globe éprouve les changemens les plus marqués & les révolutions les plus funestes ; c’est par eux qu’en une infinité d’endroits il ne présente aux yeux du physicien qu’un effrayant amas de ruines & de débris ; la mer soulevée du fond de son lit immense ; des villes renversées, des montagnes fendues, transportées, écroulées ; des provinces entieres englouties ; des contrées immenses arrachées du contient ; de vastes pays abîmés sous les eaux, d’autres découverts & mis à sec ; des îles sorties tout-à-coup du fond des mers ; des rivieres qui changent de cours, &c. tels sont les spectacles affreux que nous présentent les tremblemens de terre. Des évenemens si funestes auxquels la terre a été de tout tems exposée, & dont elle se ressent dans toutes ses parties, après avoir effrayé les hommes, ont aussi excité leur curiosité, & leur ont fait chercher quelles pouvoient en être les causes. On ne tarda point à reconnoître le feu pour l’auteur de ces terribles phénomènes ; & comme la terre parut ébranlée jusque dans son centre même, on supposa que notre globe renfermoit dans son sein un amas immense de feu toujours en action : c’est-là ce que quelques physiciens ont désigné sous le nom de feu central. Ce sentiment fut regardé comme le plus propre à rendre raison des effets incroyables des tremblemens de terre. Il n’est point douteux que le feu n’ait la plus grande part à ces phénomenes ; mais il n’est point nécessaire, pour en trouver la cause, de recourir à des hypothèses chimériques, ni de supposer un amas de feu dans le centre de la terre, où jamais l’œil humain ne pourra pénétrer. Pour peu qu’on ait observé la nature & la structure de notre globe, on s’appercevra que sans descendre à des profondeurs impénétrables aux hommes, on rencontre en plusieurs endroits des amas de matieres assez agissantes pour produire tous les effets que nous avons indiqués. Ces matieres sont le feu, l’air & l’eau, c’est-à-dire les agens les plus puissans de la nature, & dont personne ne peut nier l’existence.

La terre en une infinité d’endroits est remplie de matieres combustibles ; on sera convaincu de cette vérité, pour peu que l’on fasse attention aux couches immenses de charbons de terre, aux amas de bitumes, de tourbes, de soufre, d’alun, de pyrites, &c. qui se trouvent enfouis dans l’intérieur de notre globe. Toutes ces matieres sont propres à exciter des embrasemens, & à leur servir d’aliment, lorsqu’ils ont été une fois excités. En effet, l’expérience nous apprend que les substances bitumineuses & alumineuses, telles que sont certaines pierres feuilletées qui accompagnent les mines d’alun & de charbon de terre, après avoir été entassées & exposées pendant quelque tems au soleil & à la pluie, prennent feu d’elles-mêmes, & répandent une véritable flamme. Ces phénomenes sont les mêmes que ceux que la chimie nous présente dans les inflammations des huiles par les acides, & dans les pyrophores. D’ailleurs nous savons que les souterreins des mines, & sur-tout de celles de charbons de terre, sont souvent remplis de vapeurs qui prennent