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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 4.djvu/274

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cheval qui a le ventre trop gros, ce qui est un signe de paresse. Avoir de l’haleine & du fond, se disent communément des chevaux qu’on employe à courir, quand ils résistent long-tems à cet exercice sans s’essouffler, & qu’ils le peuvent recommencer souvent sans se fatiguer. Avoir des reins ou du rein, se dit d’un cheval vigoureux, ou de celui dont les reins se font sentir au cavalier, parce qu’ils ont des mouvemens trop durs & trops secs. Avoir le nez au vent, se dit d’un cheval qui leve toûjours le nez en-haut ; c’est un défaut qui provient souvent de ce que le cheval ayant les os de la ganache serrés, a de la peine à bien placer sa tête : ce défaut vient aussi quelquefois de ce qu’il a la bouche égarée, c’est-à-dire déreglée. Avoir l’éperon fin, se dit d’un cheval fort sensible à l’éperon, & qui s’en apperçoit pour peu qu’on l’approche. Avoir de la tenue à cheval, se dit du cavalier qui y est ferme & ne se déplace point, quelques mouvemens irréguliers que le cheval fasse. Avoir du vent, se dit d’un cheval poussif. (V)

Corps de Rang, terme de Perruquier ; ce sont des tresses qui se cousent au dessus des tournans, en allant depuis les temples jusqu’à la nuque. Voyez l’art. Perruque.

Corps, (Manufact. en soie.) c’est l’assemblage de toutes les mailles attachées aux arcades : Voyez Arcades & Velours.

Corps ; c’est, chez les Tailleurs, la partie d’un habit qui couvre depuis le cou jusqu’à la ceinture : ainsi ils disent un corps de pourpoint ; doubler un habit dans le corps.

Quoique nous ayons rapporté un grand nombre d’acceptions différentes du mot corps, nous ne nous flatons pas de n’en avoir omis aucune ; mais celles qui précedent suffisent pour donner une idée de l’étendue dans la langue, de ce mot qui désigne une chose qui en a tant dans la nature.

Corps de Refend, (Architect.) Voyez Refend.

CORPULENCE, sub. f. (Medecine.) l’état d’une personne trop grasse. Voyez Chair & Graisse.

La corpulence revient à ce que les Medecine appellent obésité, & qu’on appelle communément graisse.

Etmuller la définit une telle augmentation & des membres & du ventre, que les fonctions du corps en sont empêchées, particulierement le mouvement & la respiration.

Boerhaave remarque que la corpulence ou l’obésité ne consiste pas dans l’augmentation des solides, mais dans leur distension extraordinaire, causée par l’abondance des humeurs qu’ils contiennent. Voyez Solide, &c.

La corpulence ou la graisse vient d’un sang loüable, abondant, huileux, doux, contenant moins de sel que l’ordinaire.

Une telle constitution du sang n’occasionne qu’une foible fermentation, il s’en fait plus qu’il ne s’en dissipe ; la lymphe qui paroît la matiere propre de la nutrition, garde plus long-tems sa consistance visqueuse ; & par ce moyen adhere en plus grande quantité aux différentes parties du corps. Ajoûtez qu’il y a plus de graisse séparée du sang, qu’il ne s’en peut déposer naturellement dans les cellules adipeuses ; de-là le corps grossit considérablement, & les parties s’étendent quelquefois jusqu’à un volume monstrueux.

La corpulence est occasionnée par tout ce qui tempere & adoucit le sang, & qui le rend moins acide & moins salin ; tel est le manque d’exercice & de mouvement, une vie indolente, trop de sommeil, des alimens fort nourrissans, &c. On la prévient & on la guérit par les causes contraires, & particulierement par l’usage de boissons & d’alimens salins & acides.

La corpulence est la cause de plusieurs maladies,

particulierement de l’apoplexie ; elle passoit pour infâme parmi les Lacédémoniens.

Etmuller affirme qu’il n’y a point de meilleur remede contre une graisse excessive, que le vinaigre squillitique. Borelli recommande de mâcher du tabac, ce dont Etmuller dissuade, de peur que cela ne mene à la consomption. Sennert fait mention d’un homme qui pesoit 600 livres, & d’une fille de 36 ans qui en pesoit 450. On dit que Chiapin Vitellis marquis de Cerona, général Espagnol, très-connu de son tems pour sa corpulence excessive, se réduisit, en bûvant du vinaigre, à un tel degré de maigreur, qu’il pouvoit tourner sa peau plusieurs fois autour de lui : on peut douter de ce dernier fait. Chambers.

CORPUSCULAIRE, adj. (Physique.) c’est ainsi qu’on appelle cette physique qui cherche la raison des phénomenes dans la configuration, la disposition, & le mouvement des parties des corps. En voici une idée un peu plus étendue. La physique corpusculaire suppose que le corps n’est autre chose qu’une masse étendue, & n’y reconnoît rien que ce qui est renfermé dans cette idée, c’est-à-dire une certaine grandeur jointe à la divisibilité des parties, où l’on remarque une figure, une certaine situation, du mouvement & du repos, qui sont des modes de la substance étendue. Par-là on prétend pouvoir rendre raison des propriétés de tous les corps, sans avoir recours à aucune forme substantielle, ni à aucune qualité qui soit distincte de ce qui résulte de l’étendue, de la divisibilité, de la figure, de la situation, du mouvement, & du repos. Cette physique ne reconnoît aucunes especes intentionnelles, ni aucuns écoulemens par le moyen desquels on apperçoive les objets. Les qualités sensibles de la lumiere, des couleurs, du chaud, du froid, des saveurs, ne sont dans les corps que la disposition des particules dont ils se trouvent composés, & en nous, que des sensations de notre ame, causées par l’ébranlement des organes.

Ce sont-là les opinions de Descartes, mais il a des précurseurs dans l’antiquité.

Leucippe & Démocrite furent les premiers qui enseignerent dans la Grece la physique corpusculaire ; Epicure l’apprit d’eux, & la perfectionna tellement qu’à la fin elle prit son nom, & qu’on l’appella la philosophie d’Epicure.

Il y a eu divers philosophes, qui, sans suivre l’athéisme de Démocrite, soutenoient que toutes choses étoient composées de corpuscules, comme Ecphantus, Heraclide, Asclepiade, & Métrodore de Chio. En général tous les Atomistes qui ont vêcu avant Démocrite & Leucippe, ont joint la créance d’une divinité avec la doctrine des atomes ; de sorte qu’on peut dire d’eux ce que Sidoine Apollinaire a dit d’Arcésilas :

Post hos, Arcesilas, divinâ mente paratam
Conjicit hanc molem, confectam partibus illis
Quas atomos vocat ipse leves.

Les anciens considérant l’idée qu’ils avoient de l’ame & ce qu’ils connoissoient dans le corps, trouvoient qu’ils pouvoient concevoir distinctement deux choses, qui sont les principales de tout ce qu’il y a dans l’univers. L’une est la matiere, qu’ils regardoient comme incapable de soi-même d’agir ; & l’autre est une faculté agissante. Duo quærenda sunt, dit Ciceron, unum quæ materia sit ex quâ quæque res efficiatur, alterum quæ res sit quæ quidque efficiat. On prouve la même chose par Séneque & par l’auteur du livre de placitis philosophorum, qui est parmi les œuvres de Plutarque.

Bien loin que la philosophie corpusculaire mene à l’athéisme, elle conduit au contraire à reconnoître des êtres distincts de la matiere. En effet, la physique corpusculaire n’attribue rien au corps que ce qui