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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 6.djvu/345

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font ordinairement, en le vérifiant, un extrait à leur maniere, & plus concis, qu’on appelle le sous-extrait.

Extrait des Registres, c’est ce qui est tiré de quelque registre public. Cet intitulé se met en tête des expéditions des jugemens qui ne sont délivrés qu’en abregé, c’est-à-dire qui ne sont pas en forme exécutoire. Les extraits des registres des baptêmes, mariages, sépultures, &c. sont ordinairement des expéditions entieres des actes qu’ils contiennent. Voyez Expédition, Registres & Jugement.

Extrait de Sépulture, voyez Extrait mortuaire.

Extrait de Batard dans quelques coûtumes, comme Boulenois, Hainaut & Montreuil, signifie le droit que les seigneurs hauts-justiciers ont de partager entr’eux les biens d’un bâtard décédé sans hoirs & ab intestat. Voyez Estrayeres. (A)

Extrait, (Chimie, Pharmacie, & Thérapeutique.) Ce mot pris dans le sens chimique le plus géneral, signifie un principe quelconque, séparé par le moyen d’un menstrue d’un autre principe, avec lequel il étoit combiné, ou pour le definir en deux mots, le produit de l’extraction. Voyez Extraction.

Le nom d’extrait est beaucoup plus usité dans un sens moins général, & il est presque restreint par l’usage à designer une matiere particuliere, retirée de certaines substances végétales, par le moyen de l’eau.

Le menstrue aqueux, qui est l’instrument de cette séparation, ou se trouve dans la plante même, ou on le prend du dehors : dans le premier cas, qui est celui des plantes aqueuses, on les écrase & on les exprime ; par-là on obtient un suc chargé par dissolution réelle de la partie extractive, & par contusion de la fécule de la plante, & de sa resine particuliere, lorsqu’elle est resineuse. Si on applique une eau étrangere à une plante, on en fait l’infusion ou la décoction, & ensuite l’expression : la liqueur fournie par ces opérations, est aussi ordinairement troublée, par la présence de quelques matieres non dissoutes : or ce n’est que la matiere réellement dissoute, combinée chimiquement avec l’eau, qui est le véritable extrait dont il s’agit ici. Voyez Suc, Infusion, Décoction, & Fécule.

Pour préparer un extrait, c’est-à-dire pour le retirer de l’eau, & le séparer des parties étrangeres ou féculentes, on n’a donc qu’à prendre certaines infusions, certaines décoctions, certains sucs, les défæquer par la résidence, par la filtration à-travers la chausse, ou les clarifier par le blanc-d’œuf (voyez Défécation, Filtration, Clarification & évaporer ensuite, à feu doux, ordinairement au bain marie, jusqu’à la consistence appellée d’extrait mou, ou simplement d’extrait ; expression suffisamment exacte, parce qu’on ne réduit que rarement les extraits sous forme solide.

La consistence d’extrait, est l’état de la mollesse à-peu-près, moyen entre la consistence sirupeuse, & la consistence des tablettes, ou l’état solide (voyez Sirop, Tablettes). On apprend suffisamment par l’habitude, à saisir quelques signes sensibles, auxquels on reconnoît cet état, qui est essentiel à la perfection de l’extrait, & sur-tout à sa conservation ; il faut que le doigt éprouve quelque résistance, en pressant un extrait refroidi ; il doit laisser à sa surface une pression durable, & s’en détacher sans en rien emporter, c’est-à-dire ne pas coller.

L’extrait que nous voulons designer ici, est d’une couleur noirâtre, & d’une saveur plus ou moins amere, toûjours mêlée d’un goût de résiné, ou de caramel. Les substances végétales, qui fournissent un pareil extrait, sont les racines, les tiges, les bois, les écorces, les plantes, celles des fruits & des semences, & enfin les fleurs.

L’extrait, considéré généralement comme la matiere des décoctions par l’eau de ces substances végétales, ou comme leur suc clarifié, épaissi, & auquel convient la description que nous venons d’en faire, peut contenir diverses substances ; savoir, toutes les matieres végétales, solubles par l’eau (voyez Eau, Chimie), le corps doux, le mucilage, & les autres especes du corps muqueux : mais les substances retirées par l’évaporation des décoctions & des sucs végétaux, ne sont appellés extraits, qu’autant qu’une certaine substance particuliere, savoir, celle qui donne lieu à cet article, y prédomine.

Cette substance particuliere, appellée spécialement extrait, est mal connue des Chimistes. Voici cependant les propriétés auxquels on la reconnoît : l’extrait, proprement dit, a éminemment cette saveur amere, suivie d’un arriere-goût de sucre brûlé, que nous avons énoncé plus haut. Distillé à la violence du feu (dans des vaisseaux très-élevés, car il se gonfle facilement, voyez Distillation) ; il donne à-peu-près les mêmes principes qu’une plante purement extractive (voyez Analyse végétale, au mot Végétal) ; il est combustible : on retrouve dans ses cendres, comme dans celles d’une plante de l’alkali fixe, du tartre vitriolé & du sel marin : lorsqu’il est bien desséché, il est en partie soluble par l’esprit de vin ; mais ce qui le caractérise proprement, c’est son universalité dans toutes les substances que nous avons nommées plus haut. Les différentes especes de corps muqueux, se trouvent dans un petit nombre de ces substances, & y sont comme accidentelles ou étrangeres : l’extrait est le principe de la composition intérieure des organes de la plante ; il est cette matiere générale, qui se retire par l’eau de toute feuille, racine, &c. Comme ce n’est ordinairement que dans des vûes pharmaceutiques qu’on prépare des extraits, & qu’on n’a pas observé que le mélange des substances muqueuses altérât la vertu médicinale de l’extrait proprement dit ; on ne se met point en peine de les en séparer, excepté qu’elles n’empêchassent que le médicament ne fût de garde ; car dans ce cas, ou il faudroit les séparer, ou renoncer à posséder sous la forme d’extrait, la matiere médicamentale d’une pareille plante : on ne s’avise point, par exemple, de préparer l’extrait de guimauve, par cette derniere raison.

Mais si on vouloit préparer un extrait dans des vûes philosophiques, il faudroit tâcher de le séparer de ces diverses substances ; ce qui n’est pas aisé : l’unique moyen que nous connoissons aujourd’hui, c’est de partager le tems pendant lequel on applique l’eau, ou d’en varier la chaleur, & d’observer dans quel tems ou à quel degré se sépare la substance qu’on veut rejetter, & celle qu’on veut retenir.

Les extraits renferment sous un petit volume tous les principes utiles des substances, dont la vertu médicinale ne résidoit point dans des principes volatils, dissipés par la décoction ou l’évaporation, ou dans des parties terreuses ou résineuses, séparées par la défæcation, ou épargnées par le menstrue aqueux.

Les plantes aromatiques, & celles qui contiennent un alkali volatil libre, ne doivent donc point être exposées aux opérations qui fournissent des extraits ; au moins ne doit-on pas espérer de concentrer toute la vertu de la plante dans l’extrait : on ne doit pas non plus se proposer d’extraire, par le moyen de l’eau, les parties médicamenteuses des substances, qui n’operent que par leurs racines ; c’est ainsi qu’on ne doit point substituer la décoction ou l’extrait de jalap à sa poudre. Certaines écorces très-terreuses, comme le quinquina, peuvent être dans plusieurs cas, des remedes bien différens de ces matieres données en substance, à cause de l’effet ab-