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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 8.djvu/259

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à ceux qui se sont occupés de ce travail important & pénible. Voyez l’article Homme, (Anatomie.)

On a suivi l’homme depuis le moment de sa formation ou de sa vie, jusqu’à l’instant de sa mort. C’est ce qui forme l’histoire naturelle de l’homme. Voyez l’article Homme, (Histoire naturelle.)

On l’a considéré comme capable de différentes opérations intellectuelles qui le rendent bon ou méchant, utile ou nuisible, bien ou mal faisant. Voyez l’article Homme moral.

De cet état solitaire ou individuel, on a passé à son état de société, & l’on a proposé quelques principes généraux, d’après lesquels la puissance souveraine qui le gouverne, tireroit de l’homme le plus d’avantages possibles ; & l’on a donné à cet article le titre d’homme politique.

On auroit pû multiplier à l’infini les différens coups d’œil sous lesquels l’homme se considéreroit. Il se lie par sa curiosité, par ses travaux & par ses besoins, à toutes les parties de la nature. Il n’y a rien qu’on ne puisse lui rapporter ; & c’est ce dont on peut s’assurer en parcourant les différens articles de cet Ouvrage, où on le verra ou s’appliquant à connoître les êtres qui l’environnent, ou travaillant à les tourner à son usage.

* Homme, (Hist. nat.) L’homme ressemble aux animaux par ce qu’il a de matériel ; & lorsqu’on se propose de le comprendre dans l’énumération de tous les êtres naturels, on est forcé de le mettre dans la classe des animaux. Meilleur & plus méchant qu’aucun, il mérite à ce double titre, d’être à la tête.

Nous ne commencerons son histoire qu’après le moment de sa naissance ; pour ce qui l’a précédé, voyez les articles Fœtus, Embryon, Accouchement, Conception, Grossesse, &c.

L’homme communique sa pensée par la parole, & ce signe est commun à toute l’espece. Si les animaux ne parlent point, ce n’est pas en eux la faute de l’organe de la parole, mais l’impossibilité de lier des idées. Voyez Langue.

L’homme naissant passe d’un élément dans un autre. Au sortir de l’eau qui l’environnoit, il se trouve exposé à l’air ; il respire. Il vivoit avant cette action ; il meurt si elle cesse. La plûpart des animaux restent les yeux fermés pendant quelques jours après leur naissance. L’homme les ouvre aussitôt qu’il est né ; mais ils sont fixes & ternes. Sa prunelle qui a déja jusqu’à une ligne & demie ou deux de diametre, s’étrecit ou s’élargit à une lumiere plus forte ou plus foible ; mais s’il en a le sentiment, il est fort obtus. Sa cornée est ridée ; sa rétine trop molle pour recevoir les images des objets. Il paroît en être de même des autres sens. Ce sont des especes d’instrumens dont il faut apprendre à se servir. Voyez Sens. Le toucher n’est pas parfait dans l’enfance. V. Toucher. L’homme ne rit qu’au bout de quarante jours : c’est aussi le tems auquel il commence à pleurer. Voyez Ris & Pleurs. On ne voit auparavant aucun signe de passion sur son visage. Voyez Passion. Les autres parties de son corps sont foibles & délicates. Il ne peut se tenir debout. Il n’a pas la force d’étendre le bras. Si on l’abandonnoit il resteroit couché sur le dos sans pouvoir se retourner.

La grandeur de l’enfant né à terme est ordinairement de vingt-un pouces. Il en naît de beaucoup plus petits. Il y en a même qui n’ont que quatorze pouces à neuf mois. Le fœtus pese ordinairement douze livres, & quelquefois jusqu’à quatorze. Il a la tête plus grosse à proportion que le reste du corps ; & cette disproportion qui étoit encore plus grande dans le premier âge du fœtus, ne disparoît qu’après la premiere enfance. Sa peau est fort fine, elle paroît rougeâtre ; au bout de trois jours il survient une jau-

nisse, & l’enfant a du lait dans les mamelles : on l’exprime

avec les doigts. Voyez Fœtus.

On voit palpiter dans quelques nouveaux-nés le sommet de la tête à l’endroit de la fontanelle, & dans tous on y peut sentir avec la main le battement des sinus ou des arteres du cerveau. Voyez Fontanelle. Il se forme au-dessus de cette ouverture une espece de croûte ou de galle quelquefois fort épaisse.

La liqueur contenue dans l’amnios laisse sur l’enfant une humeur visqueuse blanchâtre. Voyez Amnios. On le lave ici avec une liqueur tiede ; ailleurs, & même dans des climats glacés, on le plonge dans l’eau froide, ou on le dépose dans la neige.

Quelque tems après sa naissance, l’enfant urine & rend le meconium. Voyez Meconium. Le meconium est noir. Le deuxieme ou troisieme jour, les excrémens changent de couleur & prennent une odeur plus mauvaise. On ne le fait tetter que dix ou douze heures après sa naissance.

A peine est-il sorti du sein de sa mere, que sa captivité commence. On l’emmaillote, usage barbare des seuls peuples policés. Un homme robuste prendroit la fievre, si on le tenoit ainsi garotté pendant vingt-quatre heures. Voyez Maillot.

L’enfant nouveau-né dort beaucoup, mais la douleur & le besoin interrompent souvent son sommeil.

Les peuples de l’Amérique septentrionale le couchent sur la poussiere du bois vermoulu, sorte de lit propre & mou. En Virginie on l’attache sur une planche garnie de coton, & percée pour l’écoulement des excrémens.

Dans le levant, on allaite à la mamelle les enfans pendant un an entier. Les sauvages du Canada leur continuent cette nourriture jusqu’à l’âge de quatre à cinq ans, quelquefois jusqu’à six ou sept. Parmi nous, la nourrice joint à son lait un peu de bouillie, aliment indigeste & pernicieux. Il vaudroit mieux qu’elle substituât le pis d’un animal, ou qu’elle mâchât pour son nourrisson, jusqu’à ce qu’il eût des dents.

Les dents qu’on appelle incisives, sont au nombre de huit, quatre au-devant de chaque mâchoire. Elles ne paroissent qu’à sept mois, ou même sur la fin de la premiere année. Mais il y en a en qui ce développement est prématuré, & qui naissent avec des dents assez fortes pour blesser le sein de leurs meres. Voyez l’article Dents.

Les dents incisives ne percent pas sans douleur. Les canines, au nombre de quatre, sortent dans le neuvieme ou dixieme mois : il en paroît seize autres sur la fin de la premiere année, ou au commencement de la seconde. On les appelle molaires ou machelieres. Les canines sont contiguës aux incisives, & les machelieres aux canines.

Les dents incisives, les canines, & les quatre premieres mâchelieres, tombent naturellement dans l’intervalle de la cinquieme à la huitieme année ; elles sont remplacées par d’autres dont la sortie est quelquefois différée jusqu’à l’âge de puberté.

Il y a encore quatre dents placées à chacune des deux extrémités des mâchoires ; elles manquent à plusieurs personnes, & le développement en est fort tardif ; il ne se fait qu’à l’âge de puberté, & quelquefois dans un terme plus éloigné ; on les appelle dents de sagesse ; elles paroissent successivement.

L’homme apporte communément des cheveux en naissant, ceux qui doivent être blonds, ont les yeux bleus ; les roux d’un jaune ardent, & les bruns d’un jaune foible. Voyez Cheveux.

L’enfant est sujet aux vers & à la vermine ; c’est un effet de sa premiere nourriture ; il est moins sensible au froid que dans le reste de sa vie ; il a le poulx plus fréquent ; en général le battement du cœur & des arteres est d’autant plus vîte, que l’animal est