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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 9.djvu/298

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Sur la glotte est un cinquieme cartilage nommé épiglotte, qui est très-mince & très flexible, & qui dans ceux qui ne sont pas encore adultes se trouve presque membraneux ; il est concave inférieurement & convexe supérieurement ; il couvre l’entrée du larynx & empêche les liquides qui en buvant glissent par dessus pour entrer dans l’œsophage, de tomber dans la trachée artere. Voyez Épiglotte.

Le larynx a sept paires de muscles qui servent à mouvoir ses divers cartilages, & à les contracter ou les dilater selon qu’il plait à la volonté. Il y a deux paires de muscles communs & cinq de propres. Les muscles propres sont ceux qui ont leur origine & leur insertion au larynx ; les communs n’y ont que leur insertion.

Entre les muscles propres du larynx sont le crico-thyroïdien, qui fait mouvoir le cartilage thyroïde, le crico-aryténoïdien postérieur, qui en se contractant écarte les cartilages aryténoïdes & ouvre la glotte, l’aryténoïdien, qui sert à joindre ensemble les deux cartilages aryténoïdes & à fermer la glotte, le crico-aryténoïdien latéral, le thyro-ariténoïdien, qui ferme le larynx.

Les muscles communs du larynx sont les sternothyroïdiens qui tirent en bas le cartilage thyroïde, & les hyo-thyroïdiens qui le tirent en haut. Voyez-en la description à leur article particulier.

Le larynx n’a que deux membranes, une externe, qui est une continuation de celle de la trachée artere, l’autre interne, qui est une continuation de celle qui tapisse toute la bouche.

Le larynx reçoit deux branches de nerfs des recurrens, & il est humecté par quatre grosses glandes, deux situées en haut, appellées amygdales, & deux en bas, appellées thyroïdes. Voy. Amygdales, &c.

Le larynx est fort utile non-seulement pour former & modifier la voix par les diverses ouvertures de la glotte, mais encore pour comprimer plus ou moins les poumons au moyen de l’air. En effet, si le diametre interne du larynx avoit été égal à celui de la trachée artere, les poumons n’auroient souffert que peu ou point du tout de compression, & par conséquent sans le larynx nous n’aurions retiré aucun avantage de l’inspiration, parce que l’air n’auroit pû resister à la force avec laquelle il est chassé dehors dans l’expiration, & en conséquence les poumons n’auroient pu être comprimés ; ce qui est néanmoins nécessaire pour briser les globules du sang, & pour produire le mélange de l’air avec ce liquide. Voyez Respiration.

Quant à l’action du larynx dans la formation des sons, voyez Glotte & Son. Voy. aussi Epiglotte, Trachée artere, &c.

LARYSIUS, (Géog. anc.) Λαρυσιος, montagne du Péloponnese dans la Laconie, au-dessus de Migonium, contrée qui est vis-à-vis de Cranaé. Il y avoit sur cette montagne un temple dédié à Bacchus, à l’honneur de qui on y célébroit une fête tous les printems. (D. J.)

LAS, adj. (Gramm.) voyez Lassitude.

Las ou Lassien, (Econom. rust.) c’est la partie d’une grange à côté de l’aire où l’on entasse les gerbes.

LASCIVETÉ, s. f. (Morale.) espece de mollesse, fille de l’oisiveté, de l’aisance & du luxe ; de-là vient que l’auteur de l’Andrienne appelle les plaisirs des grands, lascivia nobilium. La lascivité est à parler proprement un vice qui blesse la pureté des mœurs. Le Bramme inspiré va vous tracer d’une main légere son caractere & ses effets.

Couchée mollement sous un berceau de fleurs, elle mandie les regards des enfans des hommes, elle leur tend des piéges & des amorces dangereuses.

Son air est délicat, sa complexion foible, sa pa-

rure est un négligé touchant ; la volupté est dans ses

yeux, & la séduction dans son ame.

Fuis ses charmes, fermes l’oreille à l’enchantement de ses discours : si tes yeux rencontrent la langueur des siens ; si sa voix douce passe jusqu’à ton cœur ; si dans ce moment elle jette ses bras autour de ton col, te voilà son esclave, elle t’enchaine à jamais.

La honte, la maladie, la misere & le repentir marchent à sa suite.

Affoibli par la débauche, endormi par la mollesse, énervé par l’inaction, tu tomberas dans la langueur, le cercle de tes jours sera étroit, celui de tes peines étendu ; le premier sera sans gloire, l’autre n’excitera ni larmes ni pitié. (D. J.)

LASER, (Bot. mod.) V. Laserpitium. Ce genre de plante ombellifere est appellé laserpitium par les Botanistes, & c’est d’une plante semblable qu’on tire en Perse l’assa fœtida des boutiques. Tournefort compte quatorze especes de laser, & Boërhaave seize. Nous décrirons dans ce nombre celle de Marseille, qui est la plus commune : on l’appelle laserpitium gallicum massiliense.

Elle pousse une tige haute ressemblant à celle de la péruse, cannelée, noueuse & fongueuse ; ses feuilles sont disposées en aîles fermes, charnues, roides, divisées & subdivisées en lobes, garnies par derriere de quelques poils rudes ; ses sommets soutiennent de grandes ombelles de fleurs disposées en rose, & composées de cinq pétales faits en cœur, & arrangés circulairement autour du calice. Quand ces fleurs sont tombées, il leur succede des graines assez grandes, bossues, jaunâtres, odorantes, jointes deux à deux, & garnies chacune de quatre aîles feuillues ; sa racine est longue, d’un gris cendré en-dehors, blanche en-dedans, molle, grasse, succulente & odorante. Cette plante croît en Provence, comme aux environs de Marseille ; sa racine passe pour atténuante & résolutive, mais elle est de peu d’usage. (D. J.)

Laser, (Bot. anc.) la plante de Cirene, de Perse, de Médie & d’Arménie, que les Grecs nommoient silphium, & les Latins laserpitium, répandoit de sa tige & de sa racine un suc précieux appellé ὠπος par excellence, c’est-à-dire le suc des sucs, ou simplement ὠπος σιλφίου, le suc du silphium ; & les Latins donnerent à ce suc le nom de laser. M. Geoffroy paroît convaincu que le silphium, le laser, le suc cyréniaque, le suc de Médie, le suc d’Arménie, le suc de Perse des anciens, & l’assa fœtida des modernes, ne font point des sucs de différens genres, ou du-moins qu’il y a peu de différence entr’eux. Voyez là-dessus Assa fœtida & Silphium. (D. J.)

Laser, (Mat. med.) L’opinion commune où l’on est que les mêmes choses qui nous paroissent aujourd’hui agréables ou desagréables au goût ou à l’odorat, doivent avoir toûjours fait le même effet sur tous les autres hommes, est cause qu’on a cru dans ces derniers siecles avoir perdu le silphium ou le laser, drogue qui entroit dans plusieurs compositions medicinales des anciens, & même dans plusieurs de leurs ragoûts. On sait qu’il y avoit anciennement de deux sortes de laser, l’un qui croissoit en Cyrene, qui étoit le plus cher & de la meilleur odeur ; l’autre qui venoit de Syrie ou de Perse, qui étoit le moins estimé & d’une odeur plus puante. On ne trouvoit déjà plus du premier du tems de Pline, qui tâche de rendre raison du manquement de cette drogue ; mais on avoit abondamment du second, & les Medecins ne faisoient pas difficulté de s’en servir au défaut de l’autre. Presque tous ceux qui ont écrit de la matiere médicinale depuis un siecle ou deux, ont soutenu qu’on ne connoissoit plus ni les plantes qui produisoient ce suc, ni ce suc lui-même ; cela peut être véritable à l’égard du laser de Cyrene : mais Saumaise croit que toutes les marques de celui de Syrie