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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 9.djvu/349

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exemple, conservator urbis suæ, ampliator civium, fundator pacis, rector orbis, restitutor urbis, Hispaniæ, Galliæ, &c. pacator orbis, salus generis humani, gaudium reipublicæ, gloria rom. hilaritas pop. rom. lætitia fundata, tellus stabilita, exuperator omnium gentium, gloria orbis terræ, bono reipublicæ nati, gloria novi sæculi. Quelquefois la maniere en est encore plus vive, comme Roma renascens, & Roma renasces ; Roma resurgens, libertas restituta.

Les bienfaits plus particuliers sont quelquefois exprimés plus distinctement dans les légendes, comme restitutor monetæ, remissa ducentesima, quadragesima remissa, vehiculatione Italiæ remissa, fisci judaici calumnia sublata, congiarium pop. rom. datum, puellæ faustinianæ, via trajana, indulgentia in Carthaginenses, reliqua vetera H. S. novies millies abolita, c’est-à-dire douze millions, plebei urbanæ frumento constituto. Telles sont les légendes de plusieurs médailles d’Alexandre Sévere, de Caligula, de Domitien, de Septime Sévere, d’Hadrien & de Nerva.

On distingue encore par les légendes, les évenemens particuliers à chaque province, lors même qu’ils ne sont représentés que par des symboles communs. Par exemple, une Victoire avec un trophée, une palme ou une couronne désignent une médaille de Vespasien, & sont déterminées par le mot victoria germanica, à signifier une victoire remportée sur les Germains ; il en est de même de ces autres légendes, victoria navalis, victoria parthica, prætoriani recepti, imperatore recepto, qu’on voit sur les médailles de Marc-Aurele. La légende nous marque la réception glorieuse que firent à Claude les soldats de son armée. La grace que l’on fit à Néron de l’aggréger dans tous les colleges sacerdotaux, a été conservée par celles ci : sacerdos cooptatus in omnia collegia suprà numerum ; dans cet autre, pax fundata cum Persis, l’empereur Philippes nous a laissé un monument de la paix qu’il fit avec les Perses. La merveille qui arriva à Tarragone, lorsque de l’autel d’Auguste l’on vit sortir une palme, nous est connue par une médaille sur laquelle on voit le type du miracle, & les quatre lettres C. V. T. T. Colonia rictrix togata, ou plutôt turrita Tarraco ; l’empereur Tibere fit à ce sujet une agréable raillerie, que Suetone rapporte.

Les monumens publics sont aussi connus & distingués par la légende, de sorte que ceux qui ont été construits par le prince même, sont mis au nominatif ou au génitif, ou exprimés par un verbe, au lieu que ceux que l’on a bâtis ou consacrés en leur honneur sont mis au datif. Marcellum Augusti. Basilica Ulpia. Aqua Martia. Portus Ostiensis. Forum Trajani. Templum divi Augusti restitutum ; parce que ces édifices ont été élevés par Neron, par Trajan, par Antonin : au lieu que nous voyons Romæ & Augusto, Jovi Deo, Divo Pio, Optimo Principi ; pour marquer les temples en l’honneur d’Auguste, & les colonnes élevées pour Antonin & pour Trajan.

L’attachement que les princes ont eu à certaines déités, & les titres sous lesquels il les ont honorées en reconnoissance de leur protection en général, ou de quelques graces particulieres, nous est connue par les manieres différentes dont la légende est exprimée. Nous savons que Numérien honoroit singulierement Mercure, parce que ce dieu est au revers de la médaille avec ce mot Pietas Aug. Nous connoissons que Dioclétien honoroit Jupiter comme son protecteur, parce que nous voyons sur des médailles Jovi Conservatori, Jovi Propugnatori, & même le surnom de Jovius ; que Gordien attribuoit à ce dieu le succès d’une bataille où ses gens n’avoient point lâché le pié, Jovi Statori.

Sur les médailles des princesses, on mettoit l’image

& le nom des déités de leur sexe, Cerès, Juno, Vesta, Venus, Diana. On marquoit le bonheur de leur mariage par Venus Felix ; la reconnoissance qu’elles avoient de leurs couches heureuses & de leur fécondité, Junoni Lucinæ, Veneri genitrici.

La bonne fortune des princes qui a toujours été leur principale déité, se trouve aussi le plus souvent sur leurs médailles en toutes sortes de manieres : Fortuna Augusta, Perpetua. Fortunæ Felici, Muliebri. Fortuna manens, Fortuna obsequens, Fortuna Redux, où le nom de la Fortune est indifféremment par le nominatif, par le datif, ou par l’accusatif : car nous voyons également Mars, Victor, Marti Ultori, Martem Propugnatorem, & même Martis Ultoris : mais cette derniere légende se rapporte au temple bâti pour venger la mort de Jules, ce qui fait une différence notable.

Il ne faut pas oublier ici que les noms exprimés dans les légendes se lisent quelquefois au nominatif, Cæsar Augustus, quelquefois au génitif Divi Julii, enfin au datif Imp. Nervæ Trajano Germanico, &c. ou à l’accusatif, Μ. Αὐρήλιον, Ἀλέξανδρον, &c. On ne trouve guere d’exemples de l’accusatif sur les médailles latines, que dans celles de Gallien, Gallienum Aug. au revers, Ob conservationem salutis.

Ne parlons plus maintenant des personnes, mais des choses mêmes qui paroissent sur les médailles, où leurs noms & leurs qualités tiennent lieu de légende : je rangerai dans ce nombre,

1°. Les villes, les provinces, les rivieres, dont nous voyons les unes avec leur simple nom, Tiberis, Danuvius, Rhenus, Nilus, Ægyptos, Hispania, Italia, Dacia, Africa, Roma, Alexandrea, Valentia, Italica, Bilbilis. Les autres avec leurs titres particuliers, leurs qualités & leurs prérogatives : Colonia Julia Augusta, Felix Berytus. Colonia immunis illici Augusta. Colonia Aurelia. Metropolisidon. Colonia Prima Flavia Augusta Cæsarensis. Municipium Ilerde, Celium Municipium Coillutanum Antoninianum.

Les villes grecques sur-tout étoient soigneuses d’exprimer les privileges dont elles jouissoient, Ἱερὸς, Ἄσυλος, Αὐτόνομος. Ἐλεύθερος, Ναυάρχιλος, Κολωνία. Pour marquer qu’elles étoient inviolables, c’est-à dire qu’on ne pouvoit en retirer les criminels qui s’étoient réfugiés dans leurs murs, elles se qualifioient Ἱεραὶ ἄσυλοι. Le droit qu’elles avoient conservé de se gouverner par leurs propres lois, s’exprimoit sur leurs médailles par le mot Αὐτόνομοι. Les villes qui n’étoient point soumises à la jurisdiction du magistrat envoyé de Rome pour gouverner la province dans laquelle elles étoient situées, s’appelloient libres, Ἐλευθέρας. C’est une observation du Marquis Mafféi. Le privilege d’avoir un port de mer & des vaisseaux se marquoit en légende sur les médailles par le mot Ναυάρχιλος. Celui d’être exempt des tributs & des impôts par le mot Ἐλευθέρας. Les privileges particuliers des colonies, tels que le droit du pays latin, ou le droit des citoyens romains par le mot Κολωνία. Ceux des Néocores, qu’elles étoient fort soigneuses de marquer par les mots Δίς, τρίς, τετράκις Νεωκόρων. Enfin les alliances qu’elles avoient avec d’autres villes, par le terme Ὁμόνοια. Il faut consulter sur tous ces titres, les savantes remarques de M. Vaillant, dans son livre des médailles grecques, il seroit difficile d’y rien ajouter.

2°. Les légendes de médailles nous découvrent le nom des légions particulieres qui composoient les armées. Nous trouvons dans une médaille de M. Antoine, Leg. xxiv. dans une médaille du cabinet du P. Chamillart, qui est une médaille bien rare. La médaille qui porte Leg. I. l’est encore davantage ; car la plûpart de celles qu’on connoît, portoient dans leur origine un autre chiffre, & ne sont réduites à celui ci que par la friponnerie de quelque brocan-