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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 9.djvu/628

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prouve, parce que Pline, l. III. c. iv. en nomme les habitans Lutevani, qui est Foroneronienses ; le même auteur ajoute que c’étoit une ville latine, sans doute à cause de la colonie, à l’occasion de laquelle on l’avoit surnommée Forum Neronis. Elle a eu ses vicomtes, ainsi que les autres villes du Languedoc ; voyez Catel, Hist. du Languedoc, l. II. c. vij. p. 296. & Had. Valesius, Notit. Gall. p. 274. Quoique située dans un pays sec & stérile, ses seules manufactures de draps & de chapeaux la font fleurir. Elle est sur la Lergue, au pié des Cévennes, à 9 lieues de Beziers, 15 de Nismes, 17 de Narbonne, 11 N. E. de Montpellier, 150 S. E. de Paris. Long. 21. lat. 43. 47.

Lodeve a l’honneur d’avoir donné naissance à deux cardinaux, Guillaume de Mandagot, & André-Hercule de Fleury.

Le premier, mort à Avignon en 1321, fut successivement archidiacre de Nismes, prévôt de Toulouse, archevêque d’Embrun, d’Aix, & enfin cardinal & evêque de Palestrine. Il avoit fait un traité d’élection des prélats, qu’on a imprimé à Cologne en 1573.

M. le cardinal de Fleury, mort à Issy près de Paris en 1743, presque nonagénaire, a été connu de tout le monde. Ce fut, dit M. de Voltaire, un homme des plus aimables, & de la société la plus délicieuse, jusqu’à l’âge de 73 ans ; & quand à cet âge il eut pris en main le gouvernement de l’état, il fut regardé comme un des plus sages. Il conserva jusqu’à près de 90 ans une tête saine, libre & capable d’affaires. Depuis 1726 jusqu’à 1742, tout lui réussit. Il prouva que les esprits doux & concilians sont faits pour gouverner les autres. Il fut simple & économe en tout, sans jamais se démentir. La distinction de la modestie fut son partage ; & s’il y a eu quelque ministre heureux sur la terre, c’étoit sans doute le cardinal de Fleury. (D. J.)

LODI, (Géogr. anc. & mod.) ancienne ville d’Italie, en Lombardie, au Milanois, dans le Pavesan, sur le Silaro. Les anciens l’ont connu sous le nom de Laus Pompeia. Pompée prit soin de la réparer, & elle devint une ville riche & florissante ; son opulence excita la jalousie des Milanois ; ils formerent le dessein de la détruire, & l’exécuterent. Ce lieu n’est plus qu’un village sur le chemin de Pavie ; on l’appelle Lodi Vecchio, & l’on y a trouvé des médailles, des inscriptions & d’autres marques de son antiquité.

Cinquante ans après la destruction de cette ville, l’empereur Fréderic Barberousse la fit rétablir, non pas cependant dans le terrein qu’elle occupoit autrefois, mais à trois milles de là, sur l’Adda ; elle se maintint libre assez long tems, mais finalement elle se soumit aux ducs de Milan, & devint la capitale du Lodesan. Othon & Acerbo Morena ont fait l’histoire de Lodi, rerum Laudensium. Felix Osio l’a rendue publique, & Leibnitz l’a insérée dans son recueil des écrivains de Brunswick.

Cette ville est dans un sol agréable, fertile, arrosé d’eau, & abondant en toutes choses, à 25 milles S. E. de Milan & de Pavie, 7 S. O. de Creme, 18 N. O. de Plaisance. Long. 27. 1. latit. 45. 18.

Maphée Vigius, né à Lodi en 1407, passa pour le plus grand poëte latin, que l’on eût vu depuis plusieurs siecles. Il se fit une éminente réputation par son XIII. livre de l’Enéide de Virgile, qui n’est au fond qu’une entreprise ridicule. Son poëme sur les friponneries des paysans est beaucoup mieux conçu. On trouve dans le Naudæana bien des particularités fort indifférentes aujourd’hui sur cet auteur. (D. J.)

LODIER ou LOUDIER, subst. m. (Com.) grosse couverture piquée & remplie de laine en ploc entre deux étoffes ou toiles.

LODS & VENTES, (Jurisprud.) sont le droit que l’on paye au seigneur féodal ou censier pour la vente qui est faite d’un héritage mouvant de lui, soit en fief ou en censive.

Dans le pays de droit écrit, les droits que le contrat de vente occasionne, sont appellés lods, tant pour les rotures que pour les fiefs dans les lieux où la vente des fiefs en produit ; il en est de même dans la coûtume d’Anjou, on y appelle lods les droits de transaction dûs, tant pour le fief que pour les rotures.

Dans la plûpart des autres coutumes, les lods & ventes ne sont dûs que pour les rotures, & non pour les fiefs.

Le terme de lods, que l’on écrivoit aussi anciennement los, loz & laods, est françois.

Les uns tirent son origine du mot leud, qui, en langage thiais, c’est-à-dire teutonique ou germanique, signifie sujet & vassal, de sorte que droit de lods signifieroit le droit que le sujet ou nouveau acquéreur doit au seigneur féodal.

De ce terme leud paroît dérivé celui de leuda, qui signifie toute sorte de redevance ou prestation, & principalement celle qui se paye au seigneur du lieu pour la permission d’exposer des marchandises en vente. En certains lieux on a dit lauda pour leuda, & quelques auteurs ont pensé que ce droit de laude avoit été ainsi nommé, parce qu’il se paye pour laudandâ venditione ; & il ne seroit pas bien extraordinaire que de lauda on eût fait laudes & laudimia, qui sont les différentes dénominations latines, dont on se sert pour exprimer les lods dûs au seigneur pour la vente d’un héritage roturier, & en françois laods, comme on l’écrivoit anciennement.

On trouve aussi qu’anciennement leuda ou leudum signifioit composition ; il est vrai que ce terme n’étoit d’abord usité que pour exprimer l’amende que l’on payoit pour un homicide, mais il paroît que dans la suite leudum, leuda ou lauda furent pris pour toute sorte de prestation ou tribut, comme on l’a dit d’abord.

D’autres, comme Alciat, prétendent que les lods, laudimia, ont été ainsi nommés à laudando id est nominando autore ; car l’acheteur est tenu de déclarer dans un certain tems au seigneur le nom de celui dont il a acquis.

D’autres encore tiennent que le terme de lods, pris pour le droit qui se paye au seigneur en cas de vente d’un héritage roturier, vient de los ou lods, qui, dans l’ancien langage, signifioit gré, volonté, consentement, on disoit alors loër pour allouer, approuver, agréer, accorder ; on trouve souvent en effet dans les anciens titres & cartulaires ces mots de lode ou laude, consilio & assensu, pour laudatione ; pro laudationibus aut revestimentis, laudavimus & approbavimus. L’ancienne chronique de saint Denis, vol. I. chap. vij. dit, sans son gré & sans son lods.

C’est aussi dans ce même sens que le terme de lods ou los est pris dans les anciennes coûtumes, telle que l’ancienne coûtume de Champagne & Brie, établie par le comte Thibaut en Décembre 1224, art. 4. li dires li doit loër, ne li doit mie contredire, &c. Celle de Toulouse rédigée en 1285, part. IV. tit. de feudis, dit laudeverit vel concesserit ; celle de Valois, art. 14. dit los & choix ; & dans quelques coûtumes, les lods & ventes, lodes, sont appellés honneurs, issues, accordement, parce que le seigneur censier, en les recevant, loue ou alloue, approuve, agrée & accorde la vente, & investit l’acquéreur de l’héritage par lui acquis, en reconnoissance de quoi les lods lui sont payés.

Ainsi il faut écrire lods, & non pas lots, comme quelques-uns le font mal-à-propos.

Pour ce qui est du mot de ventes, que l’on joint