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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 9.djvu/629

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assez ordinairement avec celui de lods, il n’est pourtant pas toujours synonyme ; car, dans plusieurs coûtumes, comme Troyes & Sens, les lods sont dûs par l’acquéreur, & les ventes par le vendeur. C’est pourquoi, dans les anciens titres, on lit lodes ou laudes, & vendas : les ventes sont dûes par les vendeurs, pour la permission de vendre ; & les lods, par l’acquéreur, pour être reconnu propriétaire par le seigneur.

On disoit anciennement venditio, dans la même signification que la laude ou louade, leuda, pour exprimer le droit qui se payoit au seigneur pour toute sorte de ventes.

La coûtume de Sens dit qu’en aucuns lieux il n’y a que lods ou ventes seulement.

Celle de Paris ne se sert que du terme de ventes, & néanmoins dans l’usage on y confond les lods & ventes, & l’on joint ordinairement ces deux termes ensemble, comme ne signifiant qu’un même droit qui est dû par le nouvel acquéreur.

L’usage des lods & ventes ne peut être plus ancien que celui des baux à cens, qui a produit la distinction des héritages roturiers d’avec les fiefs, & a donné occasion de percevoir des lods & ventes aux mutations par vente des héritages roturiers ; on ne trouve même guere d’actes où il soit parlé de lods & ventes avant le xij. siecle.

Les lods & ventes, ou lods simplement, sont dûs pour les mutations par vente ou par contrat équipolent à vente.

Ils se perçoivent à proportion du prix porté par le contrat ; si le seigneur trouve ce prix trop foible, il peut user du retrait féodal, si c’est un fief ; ou du retrait censuel, si c’est une roture, & que le retrait censuel ait lieu dans le pays.

La coûtume d’Auvergne donne au seigneur le droit de sujet, c’est-à-dire de faire surenchérir l’héritage.

Il est aussi dû des lods en cas d’échange, suivant les édits & déclarations qui ont assimilé les échanges aux ventes.

Le decret volontaire ou forcé, le contrat de bail à rente rachetable, la vente à faculté de rémeré, le contrat appellé datio in solutum, & la donation à titre onéreux, produisent des lods & ventes.

Mais il n’en est pas dû pour une vente à vie, ni pour un bail emphytéotique, à moins qu’il n’y ait eu des deniers donnés pour entrée.

Il n’en est pas dû non plus pour la résolution du contrat de vente, lorsqu’elle est faite pour une cause inhérente au contrat même, mais seulement lorsque le contrat est résolu volontairement pour une cause postérieure au contrat.

Les privilégiés qui sont exempts des droits seigneuriaux en général dans la mouvance du roi, sont conséquemment aussi exempts des lods & ventes.

La quotité des lods & ventes est différente, selon les coûtumes.

Dans celles d’Anjou & Maine, le droit de ventes est de 20 deniers tournois pour livre, sinon en quelques contrées où il y a ventes & issues, qui sont de 3 s. 4 d. pour livre.

Quelques coûtumes, comme Lagny, disent que les lods & ventes sont de 3 s. 4 d. & se payent par le vendeur ; & quand il est dit, francs deniers, l’acquéreur doit les venteroles, qui sont de 20 deniers tournois par livre.

A Paris & dans plusieurs autres coûtumes, les lods & ventes sont de 12 deniers ; dans d’autres coûtumes, ils sont plus ou moins forts.

Dans le pays de Droit écrit, les lods sont communément du sixieme plus ou moins, ce qui dépend des titres & de l’usage, il y a des cas où il n’est dû qu’un milod. Voyez Milod.

Les commentateurs des coûtumes ont la plûpart traité des lods & ventes sur le titre des fiefs & censives.

M. Guyot, tome III. de ses traités ou dissertations sur les matieres féodales, a fait un traité particulier du quint & des lods & ventes. Voyez Censive, Fief & Mutation, Seigneur, Roture. (A)

LOEWENSTEIN, Lovesteniensis comitatus, (Géog.) petit comté d’Allemagne en Franconie, long de quatre lieues sur deux de large, & n’ayant rien de remarquable.

Il n’en est pas de même du château de Loewenstein en Hollande, situé à la pointe de l’île de Boinenel, entre la Meuse & le Wahal, vis-à-vis de Workum. Ce château réservé de nos jours pour les prisonniers d’état, est bien autrement cher aux habitans des Provinces-Unies, pour avoir été le premier lieu qui affranchit les peuples belgiques du joug tyrannique espagnol. Un nommé Henri Ruyter, nom heureux aux Hollandois, homme plein de bravoure, fit en 1571, une des actions les plus hardies, dont il soit parlé dans l’histoire. Il osa le premier, & lui quatrieme, lever l’étendard de la liberté contre toute la puissance du duc d’Albe. Il surprit ce château de Loewenstein, y entra en habit de cordelier, avec ses trois compagnons, égorgea la garnison, & se rendit maître de la place. Le duc d’Albe envoya des troupes qui le canonnerent, & fondirent dedans par la breche. Ruyter n’espérant aucune capitulation, se jette dans le magasin des poudres ; là tenant d’une main le sabre dont il étoit armé, épuisé & percé de coups, il mit de l’autre main le feu aux poudres, & fit sauter avec lui la plus grande partie de ses ennemis. Cet exploit releva singulierement le courage des confédérés. Dèslors on ne vit plus de leur part que des armées en campagne, des flottes sur mer, des villes attaquées & emportées d’assaut. Ce fut un feu qui courut toute la Flandres. La Zélande, la Gueldres, l’Ovérissel, la Frise occidentale, embrasserent le parti de la Hollande ; & l’entiere défection de la tyrannie d’Espagne s’acheva l’année suivante. (D. J.)

LOF, s. m. (Marine.) c’est la moitié du vaisseau considéré par une ligne qui le diviseroit également de proue à poupe, laissant une moitié à stribord du grand mât, & l’autre moitié à bas-bord ; & celle qui se trouve au vent s’appelle lof. Ce terme a différentes significations, suivant qu’il est joint à d’autres, dont voici les principales :

Au lof, commandement d’aller au plus près du vent.

Bouter le lof, c’est mettre les voiles en écharpe pour prendre le vent.

Etre au lof, c’est être sur le vent, s’y maintenir. Dans la Méditerrannée on dit être au lof, quand on parle du côté du vaisseau qui est vers la mer, & être à rive, lorsqu’on est du côté qui regarde la terre.

Tenir le lof, c’est serrer le vent, prendre le vent de côté.

Lof signifie encore le point d’une basse voile qui est vers le vent ; ainsi lever le grand lof, c’est lever le lof de la grande voile.

Lof au lof, commandement de mettre le vaisseau de telle sorte qu’il le fasse venir vers le lof, c’est-à-dire vers le vent.

Lof pour lof, commandement de virer vent arriere, en mettant au vent un côté du vaisseau pour l’autre.

LOFNA, (Mythologie.) c’est ainsi que les anciens Goths appelloient une déesse, dont la fonction étoit de reconcilier les époux & les amans les plus desunis.

LOG, s. m. (Mes. juive.) mesure des liquides chez les Hébreux, qui contenoit un caph & un tiers, c’est-à-dire cinq sixiemes d’une pinte d’Angleterre.