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Page:Docquois - Le Poème sans nom, 1919.djvu/239

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LE POÈME SANS NOM.


CXCI


Je m’explique fort bien l’aise que tu ressens
Quand, tes chiens devant toi courant à perdre haleine,
Tu cherches une proie au bois ou dans la plaine.
Tu naquis chasseresse : et, dès tes jeunes ans,

Vouée à tes instincts féminins malfaisants,
Tu t’en allais, que l’aube fût belle ou vilaine.
Le fusil dans les mains, la cartouchière pleine,
Pour t’exercer sur nous comme sur des faisans.

Nous roulions, sous tes coups, dans l’herbe ou sur la mousse.
En ce temps-là, déjà, ta peau seule était douce :
Ton cœur, déjà féroce, ignorait la douceur.

Le gibier regardé, tu faisais volte-face.
Tu fais encore ainsi, comme tout vrai chasseur,
Qui ne goûte pas tant le gibier que la chasse.