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Page:Docquois - Le Poème sans nom, 1919.djvu/240

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LE POÈME SANS NOM.


CXCII


Tous ces faisans que ta rage passionnelle,
Aussi bien par temps chaud que par temps de frimas,
Faisait lever en foule à chacun de tes pas,
Tu ne les tuais point : tu leur cassais une aile !

Puis, les ayant jaugés de ta froide prunelle,
Qui sait si bien vous regarder de haut en bas,
Tu partais, je l’ai dit, ne les ramassant pas.
Eux te suivaient, sanguinolents, dans la venelle…

Ah ! que n’étranglais-tu de tes petites mains,
Là, sur-le-champ, ces malheureux faisans humains,
Qui si vite perdaient ta meurtrière trace.

Et, la perdant, restaient de désespoir frappés !
Que ne leur donnais-tu, dis-moi, le coup de grâce,
Au lieu de les laisser à jamais éclopés !