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Page:Docquois - Le Poème sans nom, 1919.djvu/241

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LE POÈME SANS NOM.


CXCIII


Moi, tu m’as ramassé ; tu m’as fait cet hommage !
Oui, tu me ramassas, tout seul d’entre un millier !
Or, je n’étais pas plus que d’autres singulier ;
Je ne t’étonnai point par un plus beau plumage.

Mais il était écrit, sans doute, sur ma page
Que, pourtant, tu voudrais me tirer du hallier ;
Et tu le fis, rêvant d’imposer un collier
À celui qui semblait redouter l’esclavage.

Car, tandis que les autres, criblés de tes plombs,
Sautelaient, suppliants, derrière tes talons,
Je demeurai sur place ; et, cette chose est sûre,

À leur honte j’aurais préféré le trépas ;
Et tu voulus me prendre et panser ma blessure,
Lorsque tu vis que, moi, je ne te suivais pas !