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Page:Docquois - Le Poème sans nom, 1919.djvu/264

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LE POÈME SANS NOM.


CCIX


Au sablier laissons couler dix ans de sable.
Marianne ; et, si je respire, à ce moment,
Un jour, tu reverras de ton premier amant
Le visage, pour toi, sans doute haïssable.
 
Mais peut-être te sera-t-il méconnaissable,
Ce visage, à cette heure, en son vieillissement,
— Visage de celui qui fit son instrument
De ton doux corps, on ta jeunesse irresponsable !…

Lorsque j’arriverai, ce sera vers le soir :
Et tu m’inviteras, poliment, à m’asseoir…
Or, surveillant la bûche, ou bien tirant l’aiguille,

Tu me reconnaîtras, peut-être, à mon émoi
De voir ton premier fils — ou ta première fille —
Refuser, par instinct, de s’approcher de moi !…