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Page:Docquois - Le Poème sans nom, 1919.djvu/265

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LE POÈME SANS NOM.


CCX


Mais, toi-même, serrant ce premier témoignage
De ta fécondité dans le nid de tes bras,
Est-ce qu’à tout instant tu te rappelleras
Le déjà très lointain secret de son lignage ?

Crois-tu qu’à mi-chemin de ton mortel voyage,
Ce secret n’aura pas sombré dans le fatras
Du passé ? Tes enfants, tous, lors, tu les tiendras
Pour feuilles, j’en suis sûr d’identique feuillage.

Le secret mort pour toi, lors, vivra dans moi seul…
L’oubli jette sur nous linceul après linceul.
Cet être que tu fus pour moi pour toi se fane

Et meurt ; et le voilà sous les funèbres ifs :
Et tu n’y penses plus ! Car sait-on, Marianne,
Combien il meurt en nous de vivants successifs ?…