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Page:Docquois - Le Poème sans nom, 1919.djvu/40

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34
LE POÈME SANS NOM.


XXIV


Des gens chez qui je loge elle est la seule enfant.
(Par malheur, ce n’est pas un roman que j’invente.)
Leur foi dans ma vertu, dis, est bien émouvante !
Ils me laissent jouer avec leur jeune faon !

Mieux encore, ma chère (et morbleu ! c’est pouffant !),
De cette vraie Agnès ils ont fait ma servante !
Elle m’eût résisté, j’en suis sûr, plus savante ;
Mais, nice comme elle est, m’en voici triomphant !

Moi, tu le sais, que nul scrupule ne désarme,
Je n’étais point taillé pour résister au charme
De cette fleur champêtre aux pétales grisants.

Je l’ai cueillie au fond de la cour de l’auberge…
Le matin même, elle venait d’avoir seize ans.
Et pourtant, c’est réel, ma chère, elle était vierge !