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Page:Docquois - Le Poème sans nom, 1919.djvu/41

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35
LE POÈME SANS NOM.


V


Problème ténébreux ! Donc, cette Juliette
Cède à ce Roméo déjà si chargé d’ans !…
Grande ombre de Shakspeare, est-ce que tu m’entends ?
À mon miroir terni j’ai pris cette alouette !

Si ma voix te parvient là-bas, dis-moi, Poète,
Comment, m’ayant fait don des trésors palpitants,
Du bouquet merveilleux de ses seize printemps,
Elle reste à ce point confiante et quiète !

Rien ne peut altérer le limpide saphir
De ses candides yeux. C’est à faire frémir.
Eh ! quoi ! n’est-il donc rien qui déjà l’avertisse
 
Qu’elle est, là, dans mes bras comme aux pattes du loup
Qu’à son cœur innocent je ne fais point justice,
Et que, bientôt, je vais le broyer, d’un seul coup !