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Page:Docquois - Le Poème sans nom, 1919.djvu/59

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53
LE POÈME SANS NOM.


XL


Ah ! que de fois, à ton insu, je t’insultai
Par l’insolent excès de mon hommage même !
Tu ne percevais pas ce qu’il avait d’extrême,
Et tu le recevais en toute majesté.

Que de fois, mon amour, impunément, je t’ai
Fait, de mots outranciers assemblés en poème,
Un si massif, un si colossal diadème
Qu’il eût été trop lourd pour le front d’Astarté !

Mais comment m’aurais-tu sur ce cherché querelle ?
Mon exaltation paraissait naturelle
Et presque insuffisante à son objet dément.

Les sons forcés ne t’en semblaient pas équivoques ;
Mais, quand je te disais : « Je t’aime ! » simplement,
Tu fronçais le sourcil, en disant : « Tu te moques ? »