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Page:Doesburg - Classique-Baroque-Moderne, 1921.djvu/19

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pourquoi il est impossible de greffer sur une conception de la vie développée et approfondie un art qui est né d’une vieille conception de la vie. On l’a essayé à plusieurs reprises, mais toujours on y a mal réussi.

Nous le voyons chez les Romains. Sans propre force d’imagination, — ils n’ont pas su même inventer leurs divinités — montrant d’ailleurs une disposition exclusive au matériel, ils recourirent aux Grecs. Les Romains ont beaucoup trouvé et se sont appropriés beaucoup, mais ils n’ont rien créé. Ils n’avaient pas la conception de la vie des Grecs et c’est pourquoi ils ne purent arriver par eux-mêmes au même résultat dans l’art. Leur sentiment de la vie, surtout sensuel et pratique, — la destination de leurs bâtiments le prouve : thermes, théâtre, cirque, etc., tous se rapportent aux sens — ne reposait pas sur l’art harmonieux en lui-même des Grecs. Ce que les Romains reprirent de l’art grec ce n’était pas le fond, le caractère, mais la forme extérieure. Et c’est là la raison, pourquoi l’art pseudo-grec des Romains est bien moins important que l’art classique pur. Chez les Romains l’harmonie entre le caractère intérieur et la forme extérieure, entre l’universel et le particulier est rompue, et le particulier, la forme extérieure commence à prédominer. Leur sens pratique les préserva de l’exagération de l’arbitraire, mais l’art romain est pourtant déjà baroque de caractère, c’est-à-dire l’équilibre entre l’essence et le phénomène est rompu.

Si nous voulons apprendre à connaître les Romains, en ce qu’ils possèdent de meilleur, nous devons les considérer non pas comme artistes, mais comme constructeurs habiles du Parthénon du champ de Mars à Rome ou du