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Page:Dorvigny - Ma Tante Geneviève, ou Je l’ai échappé belle, 1800.djvu/23

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GENEVIEVE.

tait choisie, l’empêchait de viser plus haut.

C’était même un effet de sa philosophie, car elle avait été plusieurs fois avant dans de belles passes, et aurait pu parvenir à la fortune par un autre canal, mais différens échecs l’avaient dégoûtée de l’ambition. Elle, qui avait été cuisinière dans de grandes maisons, jugea qu’il serait méritoire et réparatoire, après avoir occasionné force indigestions, de travailler à en guérir. De plus, elle était devenue si laide en vieillissant, que, ne pouvant plus espérer de recevoir un compliment quand elle se présentait en face, elle trouvait encore un dédommagement à en mériter en ne se montrant qu’au derrière des gens. Elle se fixa donc à cette humble fonction dans laquelle sa laideur même devait encore, suivant le dicton populaire, provoquer et aider l’effet de ses remèdes. Que de gens à prétention dans la scène du monde, n’ont jamais eu comme elle le bon esprit de