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Page:Dorvigny - Ma Tante Geneviève, ou Je l’ai échappé belle, 1800.djvu/46

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MA TANTE


faire assez de ragoûts et de sausses pour une petite cuisine, mais même de faire danser l’anse du panier dans une grande.

L’élève en pharmacopolerie mordait de même sur sa partie ; et comme les grands talens, ou du moins ceux qui doivent devenir tels, s’annoncent d’avance par des dispositions, des indications qui percent dans toutes les occasions, ce jeune néophyte, depuis son introduction dans l’état du canon, s’occupait continuellement de ses augustes fonctions ; il ne pensait, ne parlait et ne rêvait que de seringues, de canules, de clystères et d’anus… Tous les soirs, après la rentrée de ma tante qu’il accompagnait chez nous, la conversation ne roulait jusqu’à la nuit (parce qu’alors ma tante se partageait entre lui et moi) que sur nos deux états ; ce qui, par nos interrogations et ses réponses, qui se croisaient de l’un à l’autre, formait l’assemblage et le quiproquo le plus baroque de ragoûts et de lavemens, de pot-au-feu et