Page:Dostoïevski - Le Rêve de l’oncle, trad. Kaminsky, 1895.djvu/128

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trompé, circonvenu ; qu’il fallait le sauver de ces griffes rapaces ; que c’est enfin immoral, que c’est du brigandage ; qu’il y a d’autres jeunes filles qui valent bien Zina et qui pourraient aussi épouser le prince.

Toutes ces exclamations et tous ces cancans, Maria Alexandrovna ne faisait encore que les supposer, et c’était déjà trop. Elle savait parfaitement que tout le monde était prêt à faire le possible et même l’impossible pour s’opposer à ses projets. N’a : t-on pas déjà confisqué le prince et ne faut-il pas maintenant le reconquérir de haute lutte ? Et puis, même si elle réussit à le ressaisir et à le ramener chez elle, elle ne pourra pourtant pas le tenir tout le temps attaché. Enfin, qui pourrait garantir qu’aujourd’hui même, dans deux heures, tout le chœur solennel des dames de Mordassov ne sera pas réuni dans son salon, et sous un prétexte tel qu’il serait impossible de ne pas les recevoir ? Qu’elle ferme la porte, elles entreront par la fenêtre. En un mot, il n’y avait pas