Page:Dostoïevski - Le Rêve de l’oncle, trad. Kaminsky, 1895.djvu/129

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un instant à perdre, et cependant rien n’était encore fait.

Tout à coup une pensée géniale naquit et mûrit aussitôt dans l’esprit de Maria Alexandrovna. Nous parlerons de cette pensée en son lieu. Pour l’instant, notre héroïne roulait donc à toute vitesse à travers les rues de Mordassov, terrible et inspirée, décidée à livrer bataille pour reconquérir le prince. Elle ne savait encore comment elle agirait ni où elle le rencontrerait : mais elle savait sûrement que Mordassov devait périr plutôt qu’un seul de ses projets à elle échouât.

Son premier pas lui réussit on ne peut mieux. Elle rencontra le prince dans la rue et l’emmena dîner.

Si on me demande de quelle façon, mal gré tant de pièges tendus contre elle, elle parvint à si bien allonger le nez d’Anna Nikolaïevna, je déclare que je considère cette question comme offensante pour Maria Alexandrovna. Elle arrêta le prince au