Page:Dostoïevski - Le Rêve de l’oncle, trad. Kaminsky, 1895.djvu/172

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votre part. J’ose dire que c’est pour vous surtout que j’ai entrepris cette affaire.

— Pour moi ! s’écrie Mozgliakov, complètement ahuri cette fois. Et comment cela ?

— Mon Dieu ! comment peut-on être simple à ce point, avoir la vue si bornée ! s’écrie Maria Alexandrovna en levant les yeux au ciel. Ô jeunesse ! ô Shakespeare ! Voilà ce qu’il vous vaut, ce rêveur, ce fantaisiste ! Vivre de l’intelligence et des pensées des autres ! Vous demandez, mon bon Pavel Alexandrovitch, quel est ici votre intérêt. Permettez-moi, pour plus de clarté, une petite digression. Zina vous aime, c’est incontestable. Mais j’ai remarqué que, malgré son amour évident, votre caractère, vos aspirations lui ont inspiré quelque méfiance. Parfois, comme exprès, elle se contient, elle est froide avec vous. C’est le résultat des réflexions qui l’ont conduite à la défiance. N’avez-vous pas remarqué cela vous-même, Pavel Alexandrovitch ?