Page:Dostoïevski - Le Rêve de l’oncle, trad. Kaminsky, 1895.djvu/173

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— Oui, je l’ai remarqué aujourd’hui même. Mais que voulez-vous dire par là, Maria Alexandrovna ?

— Vous voyez, vous l’avez remarqué vous-même : donc je ne me trompe pas. C’est surtout sur la stabilité de votre caractère, sur votre constance, qu’elle a conçu des doutes. Je suis une mère, et je ne connaîtrais pas le cœur de mon enfant ! Imaginez-vous maintenant qu’au lieu d’entrer ici avec des reproches et même des injures, au lieu de l’irriter, de l’offenser, de la blesser, elle, la pure, la belle, l’orgueilleuse, et par là, malgré vous, l’affermir dans sa méfiance sur vos inconstances, imaginez-vous que vous ayez pris cette nouvelle doucement, avec des larmes de regret, même avec du désespoir, mais avec noblesse…

— Hum !

— Non, ne m’interrompez pas, Pavel Alexandrovitch. Je veux vous faire un tableau qui puisse frapper votre imagination. Imaginez-vous que vous vous appro-