Page:Dostoïevski - Le Rêve de l’oncle, trad. Kaminsky, 1895.djvu/194

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— Silence ! Appelle-moi encore une fois ma petite mère, surtout dans l’endroit où nous allons, et tu resteras tout un mois sans thé.

Le mari, épouvanté, se tient coi.

— A-t-on jamais vu ? Il n’a pas même pu arriver à obtenir une seule croix ! Cuiller à pot, va ! dit-elle en regardant avec mépris le frac de son mari, un frac vierge de tout insigne.

Aphanassi Matveïtch finit par se sentir blessé.

— Ma petite mère, je suis un conseiller, et non pas une cuiller à pot ! dit-il avec une noble indignation.

— Quoi ? quoi ? quoi ? Mais il raisonne, je crois ? Ah ! le moujik ! ah ! le morveux ! Je regrette de n’avoir pas le temps de me chamailler avec toi, autrement… C’est bon, je m’en souviendrai. Grichka, donne-lui son chapeau et sa chouba. Quand je serai partie, mets en ordre les trois pièces et la chambre ouverte. Allons ! au balai ! ôte les