Page:Dostoïevski - Le Rêve de l’oncle, trad. Kaminsky, 1895.djvu/199

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— Je t’en donnerai du spirituel, mannequin ! Est-ce à toi qu’on demanderait de l’esprit, sot ? Un sourire moqueur, com prends-tu ? moqueur et méprisant.

— Hum !

— Oh ! comme j’ai peur de ce mannequin ! murmure Maria Alexandrovna. Déci dément il a juré de flétrir toutes mes fleurs ! J’aurais mieux fait de me passer de lui.

Ainsi raisonnant, Maria Alexandrovna regarde sans cesse à travers la vitre et presse le cocher. Les chevaux volent, elle croit qu’ils vont au pas. Aphanassi Matveïtch, dans son coin, répète mentalement sa leçon. Enfin la voiture atteint la maison de Maria Alexandrovna. Mais à peine notre héroïne a-t-elle gravi le perron qu’elle voit s’arrêter auprès de sa voiture un traîneau couvert, à deux places, le traîneau d’Anna Nikolaïevna Antipova. Deux dames s’y trouvent. L’une d’elles est Anna Nikolaïevna elle-même, et l’autre Natalia Dmitrievna, deux amies sincères et récentes. Maria Alexan-