Page:Dostoïevski - Le Rêve de l’oncle, trad. Kaminsky, 1895.djvu/255

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— Vous m’étonnez, Natalia Dmitrievna ! répond avec fureur Maria Alexandrovna. Est-ce que de telles choses s’oublient ? Voyons, prince, vous moquez-vous ? Jouez-vous au Lovelace ? Mais, sans dire que ce n’est guère de votre âge, je vous jure que cela ne vous réussira pas. Ma fille n’est pas une vicomtesse française ! Tout à l’heure, ici, elle vous chantait une romance et vous étiez à genoux devant elle, vous lui faisiez une demande en mariage. Est-ce moi qui rêve ? Parlez, prince ! Est-ce que je dors ?

— Mais oui… du reste, peut-être non, répond le prince complètement déroulé… Je veux dire… je ne crois pas que je rêve main-aintenant. Mais, voyez-vous, tout à l’heure, je rêvais, puis j’ai vu… en rê-êve… que dans mon rê-êve…

— Fi ! mon Dieu ! mais quoi ? En rêve que dans mon rêve !… Le diable s’y perdrait ! Avez-vous le délire, prince ?

— Mais oui !… le diable s’y… Du reste, je n’y com-comprends plus rien, dit le