Page:Dostoïevski - Le Rêve de l’oncle, trad. Kaminsky, 1895.djvu/283

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— Non, non, Vassia, dit Zina. Elle se pencha sur sa poitrine et lui baisa les mains.

— Et combien la jalousie me torturait pendant tous ces temps ! Je serais tombé mort si j’avais entendu parler de ton mariage ! Je te surveillais, je t’espionnais… C’est elle qui y allait (il désigna sa mère). N’est-ce pas que tu n’as jamais aimé Mozgliakov ? Ô mon ange ! te souviendras-tu de moi quand je ne serai plus ? Je sais que tu te souviendras ! Mais des années s’écouleront, ton cœur se refroidira, l’hiver envahira ton âme, et tu m’oublieras, Zina !…

— Non, non, jamais ! et je ne me marie rai pas non plus… Tu es mon premier et dernier.

— Tout meurt, Zinotchka, tout, même le souvenir, même les plus nobles sentiments. Ils font place à une certaine froide sagesse qui calme les regrets. Pourquoi se révolter ? Profite de la vie, aime, sois heureuse. Aime un vivant ! Pourquoi aimer dans