Page:Dostoïevski - Le Sous-sol, 1909.djvu/99

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III

Je rencontrai chez lui encore deux de mes camarades d école. Ils discutaient une affaire importante à ce qu’il paraissait. Personne ne fit attention à mon arrivée, ce qui était même bizarre, parce qu’il y avait des années que je ne les avais vus. Évidemment, ils me considéraient comme une espèce de mouche fort ordinaire. Je n’avais même pas été traité ainsi à l’école, où cependant tous me détestaient. Je comprenais, certainement, qu’ils devaient me mépriser maintenant pour l’insuccès de ma carrière administrative, et aussi parce que je m’étais laissé aller, j’étais mal vêtu, etc. — ce qui était à leurs yeux l’indice de mon incapacité et de mon peu d’importance. Mais je ne m’attendais cependant pas à un pareil degré de mépris. Simonov fut même étonné de ma visite. Mais avant, il avait toujours l’air d’être étonné de ma visite. Tout cela m’embarrassa ; je m’assis quelque peu ennuyé et j’écoutai ce qu’ils disaient.