Page:Dostoievski - Les Pauvres Gens.djvu/169

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observer, mon petit ange, qu’antérieurement à cette affaire je me trouvais dans une agitation terrible. Figurez-vous que, depuis un mois déjà, je me cramponnais, pour ainsi dire, à un fil. Ma situation était atroce. Je vous le cachais et j’en faisais mystère aussi à la maison, mais ma logeuse criait et tapageait d’une façon épouvantable. Cela ne m’aurait encore rien fait. Qu’importent les criailleries d’une vilaine femme ! Mais c’était un scandale ; ensuite, elle avait appris, Dieu sait comment, notre liaison, et elle en menait un tel bruit dans toute la maison que je restais ahuri et me bouchais les oreilles. Mais le fait est que les autres ne se bouchaient pas les oreilles, et qu’au contraire ils les ouvraient toutes grandes. Maintenant encore, matotchka, je ne sais où me sauver... Et voilà, mon petit ange, tout cela, tout cet ensemble de tribulations diverses m’avait décidément poussé à bout. Tout d’un coup j’apprends par Fédora d’étranges choses : un poursuivant indigne s’est présenté chez vous et vous a insultée par une proposition indigne ; cet homme vous a offensée, profondément offensée ; j’en juge par moi-même, matotchka, car moi aussi je me suis senti profondément offensé.