Page:Dostoievski - Les Pauvres Gens.djvu/92

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parfois il nous était donné d’échanger quelques paroles, souvent vides et sans importance, mais il me plaisait d’attribuer à tout une signification, une valeur particulière, sous-entendue. Ma vie était pleine, j’étais heureuse, tranquillement, paisiblement heureuse. Ainsi se passèrent plusieurs semaines…

Sur ces entrefaites le vieux Pokrovsky vint nous voir. Il causa longtemps avec nous, se montra plus gai, plus animé, plus communicatif que de coutume ; il rit, il fit de l’esprit à sa manière, et à la fin nous eûmes l’explication de sa joie : c’était d’aujourd’hui en huit l’anniversaire de la naissance de Pétinka ; à cette occasion il ferait certainement visite à son fils ; il mettrait un gilet neuf, et sa femme avait promis de lui acheter des bottes neuves. En un mot, le vieillard était parfaitement heureux et babillait avec une loquacité intarissable.

L’anniversaire de la naissance de Pétinka ! Cette pensée ne me laissa de repos ni le jour ni la nuit. Je résolus de témoigner mon amitié à Pokrovsky et de lui faire un cadeau. Mais lequel ? À la fin, j’imaginai de lui offrir des livres. Je savais qu’il désirait avoir la collection complète des œuvres de Pouchkine, dernière