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Page:Doutes sur la religion, suivies de l'Analyse du Traité theologipolitique de Spinosa, 1769.djvu/112

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gratia donum fuit. C’eſt un peu outrer St. Paul ; mais auſſi ce Spinoſa gâte tout ce qu’il touche : je ne ſais même s’il n’eſt pas un peu Janséniſte.

Spinoſa termine ſon traité par ces dangereuſes maximes qu’il ne ſe laſſe point de répéter. Il eſt, dit-il, dangereux de réputer droit divin des choſes de pure ſpéculation, & d’ériger en loix des opinions dont les hommes peuvent tous les jours diſputer entre eux. En un mot c’eſt une vraye tyrannie que de nous faire des crimes de nos opinions, & de vouloir nous ôter la liberté de penſer, qui eſt de droit naturel : droit reſpectable & dont perſonne ne peut décheoir.

Il ajoute que la Religion n’a force de loi ou de droit, que lorſqu’elle eſt munie de l’autorité du Souverain ; que Dieu n’exerce aucun empire ſur les hommes que par le miniſtere de ceux qui les gouvernent ; qu’on doit toujours accommoder le culte de la Religion & les pratiques de piété au bien & à la paix de l’Etat ; que par conséquent c’eſt aux Puiſſances ſouveraines à preſcrire & à régler ce culte & ces pratiques dont ils ſont les ſeuls interpretes. Je parle, dit-il, du culte extérieur, & non des moyens