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Page:Doutes sur la religion, suivies de l'Analyse du Traité theologipolitique de Spinosa, 1769.djvu/75

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ſance de la nature n’eſt autre choſe que la puiſſance de Dieu : Or il eſt certain que nous ne ſaurions comprendre toute l’étenduë de la puiſſance divine, tant que nous ignorons les choſes naturelles ; c’eſt ce qui fait que nous recourons mal à propos à cette puiſſance de Dieu toutes les fois que nous ignorons quelque cauſe naturelle, qui n’eſt en effet autre choſe que cette même puiſſance de Dieu. Voilà le pur naturaliſme.

Le Peuple, dit Spinoſa, s’imagine que la puiſſance & la providence de Dieu n’éclatent jamais davantage que quand il voit arriver dans la nature quelque choſe d’extraordinaire ou de contraire à l’opinion qu’il a de la nature. Il croit que rien ne prouve plus ſenſiblement l’exiſtence de Dieu que le dérangement qu’il ſe figure alors être arrivé dans l’ordre de la nature : de là tous ceux qui veulent expliquer les phénomenes & les miracles par les cauſes naturelles ſont regardés comme des impies qui veulent détruire l’exiſtence de Dieu ; car le peuple ſe perſuade que Dieu eſt dans l’inaction tant que la nature fait ſon cours ordinaire, & que la nature au contraire n’opère plus, tant qu’il plaît à Dieu d’opérer par lui-