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Page:Doutes sur la religion, suivies de l'Analyse du Traité theologipolitique de Spinosa, 1769.djvu/85

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il eſt aisé de ſentir où cela doit le mener.

Si Moyſe, Joſué, Samuel ne ſont point les auteurs des livres qu’on leur attribue, ſi nous n’avons plus d’hiſtoriens contemporains & de témoins parlans de merveilles opérées en faveur du Peuple Juif ; ſi en un mot les monumens hiſtoriques de ce Peuple ne ſont qu’une compilation faite par Eſdras plus de 300. ans après les événemens, il s’enſuit qu’on peut humainement révoquer en doute la plupart des faits contenus dans ces livres. Moyſe, le plus conſidérable de nos hiſtoriens ſacrés, avoit vécu avec les Patriarches ; il avoit pu apprendre d’eux ce qu’ils tenoient eux-mêmes de leurs Peres, & ce que ceux-ci par une tradition ſucceſſive avoient appris des leurs. Cette filiation de témoins qui remonte juſqu’à la création, eſt du moins une preuve morale de la vérité des faits rapportés dans la Géneſe. Si l’on démontre qu’il n’eſt point non plus l’auteur de l’Exode, du Lévitique, des Nombres, du Deutéronome, il eſt sûr qu’on doit moins de foi à des hiſtoriens dont on n’a point d’auteurs contemporains.