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Page:Driant, Histoire d’une famille de soldats 1, 1901.djvu/294

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gistrature du pays, et il faut reconnaître que, dans cette période de sa vie, Bonaparte conquit une place sans égale dans l’Histoire.

Lorqu’il prit en mains la direction des destinées de la France, la nation, épuisée plus encore par les luttes intestines que par les guerres étrangères, était à bout de ressources financières ; toute l’Europe nous était hostile, l’administration était dans un désordre profond.

De tout cela, grâce au choix judicieux des hommes d’État qu’il prit pour le seconder dans sa tâche, Bonaparte fit une France prospère et confiante.

C’est à cette époque qu’il jeta les premières bases d’une organisation intérieure si forte que la plupart des institutions et des rouages qu’il créa existent encore aujourd’hui.

Tout, chez ce grand homme, enthousiasmait les masses.

Lorsqu’il passait, calme et grave, sur son cheval splendidement harnaché, toujours suivi de son Mamcluck — souvenir d’Égypte — la foule, sans distinction de classe, acclamait en lui un Sauveur. Sa femme, Joséphine de Beauharnais, simple, bonne et belle, était également aimée de tous, non seulement pour ses qualités personnelles, mais parce qu’elle était l’épouse du Héros et que la gloire de Bonaparte rejaillissait sur elle.

Seuls les mécontents des partis extrêmes continuaient à conspirer, et, dans leur désir de supprimer le Premier Consul, ils en arrivaient jusqu’à l’attentat criminel.

C’est ainsi que, le 24 décembre 1800, ils avaient placé, rue Saint-Nicaise, une machine infernale, juste sur le passage de la voiture de Bonaparte, et ce fut un miraculeux hasard s’il ne fut pas emporté par l’épouvantable explosion qui se produisit.

C’est vous dire, mes enfants, qu’une surveillance active et incessante avait dû être organisée pour préserver la vie de cet homme qu’on considérait alors, à bon droit, comme si précieuse pour le pays.

Jean Cardignac ne l’ignorait pas.

Depuis qu’il était rentré à Paris, il avait appris tous ces détails par Jacques Bailly et par Catherine.

Mais, habitué par la vie des camps à pouvoir aborder assez facilement ses chefs, il ne se doutait pas des difficultés qui surgiraient devant lui lorsque, sans lettre d’audience, il se présenterait aux Tuileries pour demander à parler à son ancien général.