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Page:Driant, Histoire d’une famille de soldats 1, 1901.djvu/87

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Une grande confusion régnait sur la petite place du hameau ; mais ce fut court.

Aux appels des officiers, les compagnies se reformèrent, et le général Chazot, qui déjà était à cheval, donna ses ordres pour la défense.

Nos grand’gardes arrivaient, se repliant : sous l’effort des masses énormes que l’ennemi avait lancées sur elles, elles avaient dû rétrograder.

Mais l’attaque des Prussiens se développant et subissant à chaque minute la poussée de nouveaux renforts, il devint complètement impossible aux Français de se maintenir dans la Croix-aux-Bois.

Il y avait à peine deux heures que nous avions enlevé cette position !

La rage au cœur, face à l’ennemi, lentement, la division française, malgré ses héroïques efforts, dut se porter en arrière.

Sous l’effort grandissant des Autrichiens qui gagnaient sur les ailes, le général Chazot n’avait que deux partis à prendre.

Ou tenir jusqu’au dernier homme ; c’était de l’héroïsme, mais c’était sacrifier inutilement une division dont la France avait grand besoin et le général disposait ainsi de la vie de ses soldats, sans obtenir un résultat en rapport avec un pareil sacrifice.

Ou bien, battre en retraite, et tâcher de trouver en arrière une position où l’on pût attendre des renforts.

C’est à ce dernier parti qu’il s’arrêta. Il était temps du reste, car une grosse colonne le débordait sur sa droite. À dix heures du matin, il était déjà coupé du côté de Grand-Pré, sans espoir possible de se rejeter sur Dumouriez.

La direction de Vouziers lui était encore ouverte, mais, pour peu qu’il s’attardât encore à la Croix-aux-Bois, l’ennemi, qui possédait l’avantage du nombre, allait le cerner.

Le général Chazot ordonna donc de commencer la retraite qui s’exécuta en bon ordre.

La 9e demi-brigade formait l’arrière-garde. Elle avait pour mission de protéger la retraite, afin de tenir quelque temps l’ennemi en échec, et de donner ainsi aux autres bataillons la possibilité de prendre de l’avance. Ici, je suis encore obligé de vous fixer sur un point particulier ; vous voyez défiler devant vous, depuis le début de ce récit, des régiments et des demi-brigades : or ces deux termes s’appliquent à la même unité, une brigade étant formée de deux régiments.