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Page:Driant, Histoire d’une famille de soldats 2, 1899.djvu/199

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En 1834, il avait créé un service entre Paris et Versailles à l’aide d’une diligence à vapeur. Cette voiture partait de l’hôtel de Nantes, qui était situé (cela va bien vous étonner, mes enfants) au beau milieu de la place du Carrousel, face aux Tuileries.

Vous voyez combien tout change d’aspect, à soixante ans de date ; car si la place du Carrousel existe encore, il n’y a plus ni hôtel de Nantes ni Tuileries !

Toujours est-il que, si cette première diligence à vapeur n’était pas la perfection même, c’était du moins le premier pas dans cette voie. Et, à vrai dire, elle voyagea entre Paris et Versailles sans trop de difficultés, sauf aux côtes, où ça n’allait pas tout seul et où les voyageurs étaient obligés de descendre pour pousser aux roues : mais est-ce que, même aujourd’hui, on ne voit pas des automobiles en panne et des chauffeurs obligés de jouer, en certains passages, le rôle de cheval-vapeur ?

En tout cas, le pauvre Dietz méritait d’être encouragé ; et s’il l’eût été, qui sait si la traction automatique n’eût pas fait de suite des progrès sensibles, tandis qu’il a fallu une première période de vingt ans pour obtenir un perfectionnement avec la voiture routière de M. Lotz, qui fit, en 1864, le voyage de Nantes à Paris.

En 1866, un autre inventeur. M. Albaret de Liancourt, construisit une voiture d’un autre modèle ; puis un nouvel arrêt se produisit jusqu’en 1875.

Depuis on a rattrapé le temps perdu, car vous voyez des automobiles sur toutes les routes et vous les verrez bientôt utilisées par l’armée ; mais cet aperçu vous démontre, une fois encore, les difficultés d’un progrès quelconque dans la vie.

Ah ! certes, ce ne fut pas de la faute de votre ami Jean si tout effort intelligent ne fut pas encouragé ! Il fut un protecteur éclairé pour ceux qui s’adressèrent à lui, et obtint souvent pour eux, du souverain, l’aide pécuniaire sans laquelle rien n’est possible.

En tout cas, dans son trop court passage au service particulier de Napoléon, Jean Cardignac ne recueillit que des amitiés et de la reconnaissance. C’est là qu’il se lia avec l’ingénieur Marc Séguin, celui qui créa la première ligne de chemin de fer français de Lyon à Saint-Étienne, et qui, plus heureux que beaucoup de ses devanciers, a pu jouir de son œuvre, car il est mort en 1875, et eut, de son vivant, la satisfaction de constater que son premier essai avait, comme on dit, fait tache d’huile.