Aller au contenu

Page:Driant, Histoire d’une famille de soldats 2, 1899.djvu/200

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

C’était d’ailleurs le moment où, de toutes parts, surgissaient les nouveautés qui allaient faire, de cette seconde moitié du siècle, la plus féconde des époques humaines en matière de découvertes.

Les chemins de fer sortaient des limbes du début : les bateaux à vapeur commençaient à sillonner les mers ; les navires de guerre se cuirassaient d’acier pour résister à l’artillerie ; et les pièces de canon, pour arriver à perforer les cuirasses des vaisseaux, lançaient des projectiles d’un poids inconnu jusqu’alors.

L’année 1843 voyait le premier établissement, en Amérique, du télégraphe Morse, ainsi appelé du nom de ce savant ingénieur américain, et, huit ans après, le 1er mars 1851, les premiers bureaux télégraphiques de ce modèle fonctionnaient en France. — En même temps, les premiers câbles sous-marins étaient immergés, et le 1er novembre 1852, la première dépêche électrique, expédiée de Douvres à Calais, était remise entre les mains de Louis-Napoléon, Président de la République française.

Remarquez à ce propos, mes enfants, qu’à l’heure même où j’écris ces lignes, la première dépêche du télégraphe sans fil, devenu possible grâce à la découverte d’un Français, M. Branly[1], vient d’être transmise avec succès d’une rive de la Manche à l’autre.

Joignez à cela que la galvanoplastie, c’est-à-dire l’art de recouvrir de métal à l’aide du courant électrique un objet quelconque, venait de faire son apparition, et qu’à cette même époque aussi, ce qu’on appelait l’héliographie, et aujourd’hui la photographie, commençait à émerveiller la foule.

Ce fut l’excellent Bouloche qui attira l’attention du capitaine Jean Cardignac sur les progrès récents de cette radieuse découverte.

Un jour sa figure, plus épanouie que de coutume, apparut dans l’entrebâillement de la porte de l’officier d’artillerie.

Il tenait à la main une plaque de carton qu’il tendait triomphalement au capitaine.

— Qu’est-ce que c’est que ça ? demanda Jean Cardignac, en jetant un coup d’œil distrait sur la tête représentée sur le carton.

  1. M. Marconi, Italien, à qui la réclame inconsidérée de la presse européenne attribue cette découverte géniale de la télégraphie sans fil, n’a fait qu’utiliser, d’ingénieuse façon, le tube à limailles de M. Branly, tube sans lequel ledit télégraphe n’existe pas. Combien d’inventeurs français ont vu ainsi leurs découvertes méconnues dans leur pays et exploitées par l’étranger !