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Page:Driant, Histoire d’une famille de soldats 2, 1899.djvu/394

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étrangère, avec trois officiers escortant un convoi, s’étaient heurtés à mille fantassins et huit cents cavaliers des guérillas mexicaines. Après plusieurs charges victorieusement repoussées, ils avaient pu se retrancher dans quelques maisons du village de Camaron.

Il était neuf heures du matin.

Le capitaine Danjou qui les commandait leur fit jurer de se défendre jusqu’à la dernière extrémité ; bientôt après il tombait frappé mortellement.

Le sous-lieutenant Vilain prit le commandement.

Aux dix-huit cents hommes déjà acharnés contre les défenseurs de Camaron, vinrent, à midi, s’ajouter douze cents autres. Trois mille hommes en assiégeaient cinquante !

Par une brèche pratiquée dans le mur, l’ennemi prit les défenseurs à revers.

À deux heures, le sous-lieutenant Vilain fut tué : le commandement passa au sous-lieutenant Maudet.

La chaleur était accablante ; les hommes n’avaient ni mangé ni bu depuis la veille. L’ennemi fit une troisième sommation qui fut repoussée comme les autres, et incendia un hangar pour enfumer les défenseurs de Camaron. Malgré tout, les survivants se maintinrent aux créneaux et aux brèches.

À cinq heures et demie du soir, il ne restait plus que quinze hommes debout. Honteux d’être arrêtés par cette poignée de héros, les Mexicains donnèrent un assaut général ; le sous-lieutenant Maudet fit envoyer la dernière balle à l’ennemi, puis, chargeant à la baïonnette en tête des suivants, il fut tué à son tour. Un tambour seul put s’échapper.

Telle fut l’admiration de l’ennemi pour ces braves, qu’ils rendirent aux corps de leurs officiers les honneurs militaires, et n’osèrent plus attaquer les convois suivants.

Ils avaient perdu trois cents hommes !


Mais le nombre des révoltés ralliés autour de Juarez augmentait chaque jour ; l’empereur Maximilien, que Napoléon III avait imposé aux Mexicains, ne possédait guère que sa capitale, et un jour vint où les charges de la guerre du Mexique devinrent si lourdes qu’il fallut songer à l’évacuation.

D’ailleurs, les États-Unis protestaient contre l’occupation française, et la Prusse, après avoir, de concert avec l’Autriche, dépouillé de deux provinces