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Page:Driant, Histoire d’une famille de soldats 2, 1899.djvu/395

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le petit Danemark, se disposait à la guerre contre cette même Autriche, avec laquelle elle ne voulait plus partager les provinces conquises.

Il était urgent que l’armée française du Mexique revînt en France.

L’Empereur la rappela, et peut-être à cette heure se souvint-il des respectueuses et clairvoyantes supplications du colonel Cardignac ; car cette guerre coûtait à la France quatre cents millions et plusieurs milliers de soldats ; surtout elle allait l’immobiliser pendant la lutte de la Prusse contre l’Autriche.


En signant le rappel de l’armée du Mexique, Napoléon III signait d’ailleurs en même temps l’arrêt de mort de l’Empereur Maximilien, car l’infortuné souverain, fait prisonnier par Juarez, fut fusillé sans pitié le 19 juin 1867. Il mourut noblement. Sa femme, l’Impératrice Charlotte, après avoir jeté à Napoléon III la lugubre malédiction : « Soyez maudit comme Caïn ! » était devenue folle.

Les événements se précipitaient en Europe ; la guerre entre la Prusse et l’Autriche avait été courte ; après plusieurs combats heureux à Turnau, à Podol, à Nachod, à Trautenau, le Roi Guillaume ou plutôt le général de Moltke, chef d’État-major des armées prussiennes, avait écrasé les Autrichiens à Sadowa, victoire féconde s’il en fut, car la Prusse lui dut tous les succès qui suivirent.

L’Italie, alliée de la Prusse pendant cette guerre, s’était fait battre sur terre à Custozza, et sur mer à Lissa ; elle n’en gagna pas moins la Vénétie, que l’Empereur d’Autriche lui céda en signant le traité de Prague. Il est dans la destinée de ce pays de gagner une province après chacune de ses défaites.


Mais, on l’a dit souvent, les événements le prouvèrent, le véritable vaincu de Sadowa, c’était Napoléon III !

Il avait compté sur la victoire de l’Autriche ; voyant les Prussiens s’annexer des provinces et prendre la tête de la nouvelle Confédération germanique, il réclama, comme compensation, Landau et Mayence.

— Une telle prétention, répondit Bismarck, ce serait la guerre !

L’Empereur dut y renoncer. Il eut un instant l’idée d’attaquer la Prusse sur-le-champ ; mais l’armée française était désorganisée par cette funeste