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Page:Driant - L’invasion noire 1-Mobilisation africaine,1913.djvu/259

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Et se penchant sur le bordage de la nacelle pour cacher l’éclair qui venait de luire dans ses yeux.

— Nous devons être maintenant bien près de l’armée, dit-il.

L’ingénieur prit sa jumelle et la braqua vers l’Ouest…

— Si ce n’est pas elle, dit-il, ce que j’aperçois là-bas doit en être un élément.

— C’est de la cavalerie, fit Guy de Brantane après un examen d’un instant.

L’aérostat se rapprochait des carrés noirs aperçus dans la plaine.

En vingt minutes il arrivait au-dessus d’eux.

— Amène-nous près de terre. dit l’ingénieur à son neveu. Ce sont des chasseurs d’Afrique, si je ne me trompe ; nous allons savoir par eux où est l’armée.

— Vers le Nord évidemment, répondit le jeune homme, c’est son avant-garde que nous rencontrons ici… voyez cette marche en éventail.

C’était en effet un véritable éventail que dessinait la cavalerie sur la plaine ondulée.

En première ligne, de petits groupes de deux à six cavaliers cheminaient sur une longue ligne serpentant au sommet de croupes dénudées.

À quelques centaines de mètres en arrière d’eux, prêts à recueillir et à soutenir ces éclaireurs, venaient les pelotons qui les avaient fournis.

Derrière eux à 1.500 ou 2.000 mètres, des escadrons groupés formaient une puissante ligne de soutien pour le fragile cordon qui les précédait et dont la mission principale était de voir.

Enfin à 2 ou 3 kilomètres en arrière une épaisse poussière apparaissait. Très absorbés par la vue des cavaliers, les aéronautes ne l’avaient pas remarquée.

— L’armée ! fit l’ingénieur très ému.

— Oui, dit Guy de Brantane ; que c’est beau une armée en marche !

— Ils ne dirent plus rien. Le même sentiment venait de les étreindre : celui d’une peur instinctive de cet inconnu qu’on ne voyait pas encore et qui allait arriver du côté opposé.

Certes ils ne doutaient pas de la valeur et de la force des