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Page:Driant - L’invasion noire 1-Mobilisation africaine,1913.djvu/319

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d’Afrique, étendu sur le sable ; son cheval, penché vers lui, semblait attendre qu’il remontât.

Un nouveau coup de soupape mit la nacelle à 30 mètres du groupe.

— Mais, Dieu me garde, s’écria Guy, c’est notre lieutenant d’hier soir… impossible de s’y tromper : je reconnais son cheval bai à l’encolure fine, à la queue traînant à terre… Non, certes, nous n’allons pas le laisser là…

— Pauvre garçon, dit l’ingénieur, lui si gai, si confiant hier soir ; ce doit être un des rares survivants de cette nuit… Au moins pourrons-nous sauver celui-lài… Mais, hâtons-nous… il n’y a plus de temps a perdre…

— Jetez l’échelle de trente mètres, commanda Guy de Brantane.

Une échelle de corde roulée contre le bordage fut jetée a l’extérieur ; quelques instants après elle balayait le sol.

— Ce pauvre garçon ne montera jamais seul dans l’état où il est, dit Guy, d’une voix décidée ; je vais le chercher.

Et il enjamba la balustrade.

— Je vous suis, monsieur ! cria Regnard, l’électricien, nous ne serons pas trop de deux.

C’était un ancien marin comme Roffa, mais il était taillé en hercule, et un homme ne devait pas peser lourd entre ses bras vigoureux.

— C’est cela, mon brave, cria Guy en descendant rapidement.

— Ayez bien soin de fixer l’échelle avant de mettre pied à terre, cria l’ingénieur… attachez-la à la selle du cheval… son poids est largement suffisant pour vous équilibrer tous les deux.

Heureusement, il n’y avait pas un souffle de vent, la journée s’annonçait aussi chaude, aussi pesante que la veille.

Déjà les deux hommes étaient arrivés auprès du blessé,

En les voyant descendre, l’interprète avait eu un sourire de triomphe.

Le hasard le servait à souhait, et, d’ailleurs, il était temps : pouvait-il conserver plus longtemps ses deux Touaregs enfermés ? L’heure de l’action était venue.

— Gesland, mon brave, fit-il avec bonhomie, jamais M. de