Aller au contenu

Page:Driant - L’invasion noire 1-Mobilisation africaine,1913.djvu/40

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Tu pourrais abattre cette masse plus considérable que le minaret de la mosquée du Caire.

— Oui, dans quinze jours, il se sera abîmé dans la rivière si tu l’ordonnes.

— Bien ; je te donne rendez-vous en ce point dans quinze jours.

— Il me faudra quarante nègres et des outils pour faire des forages dans la paroi du rocher.

— Tu les auras : et que veux-tu de moi si tu réussis ?

— D’abord, la permission de te suivre dans l’expédition que tu vas entreprendre. Et plus tard, quand nous serons en Europe, quand nous nous serons rapprochés de l’Angleterre, je te dirai ce que je veux encore…

— Quel est ton nom ?

— J’ai oublié celui de mon pays : mes coreligionnaires de Damas m’ont appelé Zérouk.

— L’homme aux yeux bleus ?

— Oui.

— Eh bien, Zérouk, va ; pour le moment ta vie est sauve, mais je te défends de porter une arme, quelle qu’elle soit, jusqu’au jour où je serai sûr de toi : deux nègres seront attachés à tes pas et ne te quitteront ni le jour ni la nuit. Prépare ton expérience et tremble si tu as voulu me tromper.

Quand le renégat fut sorti, Omar qui ne l’avait pas quitté des yeux pendant toute cette conversation, se rapproche de son père.

— Crois-tu, fit-il, que le concours d’un pareil homme puisse servir notre cause ?

— Allah choisit ses instruments partout, mon enfant.

— Oui, mais cet homme ne m’inspire que de la répulsion.

— Je le méprise comme toi, mais s’il possède le secret dont il parle, il peut être précieux dans la lutte que nous allons avoir à soutenir contre des peuples armés de tous les engins que fabrique la science européenne. Et s’il peut nous servir quelle que soit son indignité, l’intérêt de notre cause veut que je l’emploie.

— Que ta volonté soit faite, mon père, mais cet homme ne me dit rien qui vaille, et je le surveillerai.

— C’est cela : je te le confie.