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Page:Driant - L’invasion noire 1-Mobilisation africaine,1913.djvu/70

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tèrent de leur séjour dans cette ville pour apprendre aux principaux chefs indigènes le maniement des fusils qui étaient destinés à leurs troupes.

Le convoi qui les avait apportés était arrivé et allait refaire la même route pour en apporter autant.

Le sultan tenait en effet à ce que les tribus du Nord et du Centre, plus habituées au maniement des armes à feu que les nègres des pays situés au-dessous de l’équateur, en fussent munis dans la plus forte proportion possible.

La plus grande économie fut prescrite au sujet des munitions qui ne devaient servir qu’en Europe.

Il s’agissait maintenant de porter les mêmes instructions aux chefs de l’armée du Nord réunis à Aghadès.

Les Touaregs qui devaient escorter le sultan étaient arrivés, non sans provoquer une vive émotion à Kouka.

Car leur réputation de pirates du désert était si bien établie, que leur vue seule inspirait la terreur.

Il fallait que la Djiah eût une bien grande puissance pour réunir dans la même pensée tous ces peuples ennemis.

Et c’était une imposante escorte que celle de ces cavaliers perchés au sommet de leurs méharis coureurs comme des seigneurs féodaux au sommet de leurs donjons.

Le Visage recouvert, du « litham » ou voile noir, qui ne découvre que leurs yeux petits et brillants sous d’épais sourcils, ils dirigeaient leurs méharis avec leurs jambes fines et nerveuses croisées sur le pommeau de leur selle ; ils avaient aussi les deux mains libres pour combattre : au bras droit ils portaient un anneau de serpentine verte pour donner plus de force à leurs muscles quand ils assénaient un coup de sabre ; ils maniaient avec une aisance extraordinaire une longue lance au fer large et tranchant, et un poignard en forme de croix était fixé par un anneau de cuir à leur poignet gauche de manière à ne les quitter Jamais.

Ils n’avaient pas de fusil, l’appelant l’arme de « la traîtrise ».

Leurs mains, leurs bras et leurs jambes étaient teints en bleu avec de l’indigo, et à les voir immobiles et silencieux sur leur puissante monture, on comprenait la