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Page:Driant - L’invasion noire 1-Mobilisation africaine,1913.djvu/71

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domination qu’ils exerçaient sur cette étendue immense du Sahara.

La rapidité du méhari est telle qu’il parcourt de cent à cent cinquante kilomètres par jour : il supporte sept jours d’abstinence en été, même lorsqu’il marche et quand il est chargé ; en hiver il peut manger sans boire pendant deux mois : il est la richesse du Targui qui boit le lait des chamelles, mange la chair des chamelons, tresse des cordes avec son poil, se fait une tente avec sa peau et se sert de sa fiente comme combustible.

Les cinquante Touaregs qui escortaient le sultan, lui amenaient de la part de leur cheik Ischriden, deux méharis admirablement dressés qui allaient en sept jours parcourir les huit cent cinquante kilomètres qui séparent Kouka d’Aghadès.

Après les plaines riantes qui avoisinent le Tchad, le cortège traversa Gourai aux triples remparts, Zinder aux rochers curieux, aux cultures de tabac et d’indigo.

Après, c’était le Damergou aux champs de mimosas, de dilou, d’euphorbe et d’asclépias géants[1].

Plus loin, la végétation s’amaigrit : c’était la transition entre le fertile Soudan et le funèbre Sahara ; la girafe et l’antilope qui avaient couru jusque-là devant la rapide caravane disparurent pour faire place aux bandes d’autruches ; les buissons se firent rares ; les terriers de fenecs[2] et les fourmilières géantes se montrèrent sur le flanc des maigres coteaux et indiquèrent l’approche des solitudes sablonneuses.

Pendant un jour entier, la caravane marcha dans un terrain crayeux, auquel succéda un sol bouleversé de teinte rougeâtre.

Puis les dunes de sable se montrèrent seules, semblant s’étendre à l’infini en vagues immobiles et trois jours durant le sultan et sa suite en franchirent crêtes et vallées sous un soleil de feu.

Et la petite troupe venait d’arriver au bord d’un oued desséché, au fond duquel quelques pousses de laurier-rose

  1. Voyage du docteur Barth.
  2. Petit renard des sables.