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Page:Driant - L’invasion noire 1-Mobilisation africaine,1913.djvu/84

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quement l’existence d’une nappe d’eau abondante dans le Sahara algérien, et la possibilité de l’atteindre par des forages artésiens ; de plus, il était très possible de faire suivre la voie ferrée d’une canalisation souterraine en fonte, destinée à alimenter les stations privées d’eau. Quant à la question du combustible, elle avait été heureusement tranchée par la découverte d’une mine d’anthracite dans le M’zab.

On avait bien songé à installer sur les locomotives l’appareil ingénieux qui fait servir la chaleur solaire à la production de la vapeur : mais Barth ayant démontré qu’il existe des régions dans le Sahara où le soleil se cache et où il pleut comme en Europe, on ne pouvait avoir recours à ce procédé économique, mais aléatoire.

Déjà le ruban de chemin de fer était arrivé à une vingtaine de kilomètres au nord de Tambouctou ; le travail était simple : il consistait à poser des traverses sur le sable durci et sans travaux de terrassement, le terrain montant insensiblement jusqu’au plateau de Mabrouk.

Jusque-là, les Touaregs n’avaient pas inquiété les travailleurs ; ils semblaient avoir disparu définitivement du côté de l’Est, dans les régions inexplorées de l’Adghagh.

Le capitaine de Melval parcourut silencieusement son camp ; il était formé en carré, les petites tentes alignées sur les quatre faces ; les faisceaux avaient été rentrés à l’intérieur pour la nuit, les fusils rapprochés les uns des autres pour éviter les vols d’armes et faciliter la surveillance des sentinelles.

Au centre se dressait la tente du capitaine commandant la compagnie, son cheval au piquet à côté d’elle.

À sa droite, la tente où couchaient les deux officiers français, et à sa gauche, celle où couchaient les deux officiers indigènes ; en arrière, les six mulets de la compagnie avec leurs bats à côté d’eux.

En dehors du carré était le camp des chameliers, commandé par un Bach-hamar.

Le capitaine sentit que le sommeil ne viendrait pas s’il rentrait chez lui ; sa ronde finie, il se dirigea vers une petite tente voisine de la sienne, écouta un instant et murmura ces mots :

— Pauvre petite !