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Page:Driant - L’invasion noire 2-grand pèlerinage à la Mecque,1913.djvu/101

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cais dans ces deux villes avaient dû s’embarquer précipitamment pour éviter le sort des Européens de Zanzibar, dont pas un n’avait échappé à un massacre général quelques jours auparavant.

Lord Cecil Lytton avait alors tenté quelques débarquements.

Sentant que le point de rassemblement des forces musulmanes, si elles arrivaient à franchir par le Nord ou le Sud ce fossé de la mer Rouge, serait forcément La Mecque, il avait essayé de s’emparer de son port, Djeddah, se disant avec raison que de ce point situé à 80 kilomètres à peine de la ville sainte, il pourrait être une menace sur le flanc des multitudes fanatiques qui tenteraient d’y arriver.

Djeddah était d’ailleurs un point convoité depuis longtemps par la Grande-Bretagne. L’occasion s’offrait de l’escamoter : il ne fallait pas que la gravité des événements fit perdre de vue à l’Angleterre son vieux programme de prendre pied un peu partout, et pour en assurer la possession définitive à Sa Majesté le roi d’Angleterre, l’ancien prince de Galles, l’amiral anglais, avait eu soin de confier cette opération à une troupe de débarquement uniquement composée de marins anglais.

Mal lui en avait pris : pas un d’entre eux n’était revenu. Le khalife de La Mecque, Ebnou-ben-Aoun, partisan secret depuis deux ans du Sultan Abd-ul-M’hamed, avait soulevé l’Hedjaz contre la domination turque, et sentant l’importance de Djeddah, y avait accumulé ses meilleures troupes Wahabites, après avoir fait pendre à la porte de la Kasba les membres de la Commission sanitaire que l’Europe avait placée là pour faire observer les quarantaines aux pèlerins.

L’insuccès avait été le même devant Assab, Raheita, Obock et Tadjoura.

Effrayée de la marche des événements et voulant frapper un grand coup, l’Angleterre fit appel à ses troupes de l’Inde, à ces régiments de cipayes qui l’avaient aidée jusqu’alors à réprimer tant de soulèvements.

Mais le monde musulman tout entier obéissait au même mot d’ordre. Des révoltes longuement préparées éclatèrent à Bombay, Delhi, Calcutta, Haiderabad et dans toute la presqu’île du Dekkan.