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Page:Driant - L’invasion noire 2-grand pèlerinage à la Mecque,1913.djvu/110

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Un Soudanais arriva qui, s’inclinant devant Omar, lui dit quelques paroles à voix basse.

— Des émissaires qui nous arrivent, mon père, fit le jeune prince.

— Où sont-ils ?

— Ils attendent au camp.

— D’où viennent-ils ?

— Ils ne l’ont pas dit, se réservant de se faire connaître de nous seuls.

— Partons, fit le Sultan : d’ailleurs, vois, il est temps de quitter cette crête.

La nuit était venue rapidement, en effet, et les projecteurs électriques des cuirassés s’allumaient l’un après l’autre.

C’était un spectacle curieux les uns éclairaient la mer, les autres le rivage, chacun ayant son secteur particulier et chaque secteur d’éclairement empiétant sur ses deux voisins pour ne rien laisser dans l’ombre.

Le Sultan descendit de son observatoire.

— Veillez bien, enfants ! dit-il.

Les chefs qui l’avaient accompagné s’inclinèrent, baisant le bas de son burnous, et quelques indigènes qui les suivaient baisèrent la trace des pas de son cheval.

Jamais homme n’avait inspiré à d’autres hommes le fanatisme poussé à pareil degré.

Quand le Sultan fut rentré dans sa tente :

— Fais entrer les envoyés dont tu parlais tout à l’heure, dit le Sultan à son fils.

Trois hommes entrèrent, enveloppés dans de longs burnous qui les recouvraient entièrement.

— Qui êtes-vous et d’où venez-vous ? demanda Abd-ul-M’hamed.

— Ne reconnais-tu plus ton fidèle serviteur, celui que, d’Aghadès, tu expédias à Constantinople pour préparer tes voies ?

— Mahmoud ! le cadi de Damas !

— Lui-même, dit le vieil Arabe, en montrant sa tête blanche.

— Depuis longtemps je n’ai eu de tes nouvelles : as-tu réussi dans ta mission ?