Aller au contenu

Page:Driant - L’invasion noire 2-grand pèlerinage à la Mecque,1913.djvu/112

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’hui les deux délégués secrets de l’amiral turc. Son Excellence Effendi-Pacha, dès maintenant tout dévoué à ta cause.

Les deux Arabes qui accompagnaient le cadi et qui, jusqu’à ce moment, s’étaient tenus silencieusement à l’écart, se découvrirent à leur tour et apparurent dans leur uniforme d’officiers de la marine turque, le fez sur la tête et la tunique ornée de broderies.

Ils s’avancèrent vers le Sultan courbés très bas, la main droite à leur front, et l’un d’eux, un vieux « caïmacan » à barbe grise, dit d’une voix émue

— Ta Hautesse !… Nous avons connu et servi Ta Hautesse à Stamboul autrefois, et nos cœurs lui sont restés fidèles… Qu’Elle ordonne et nous la suivrons.

— Mon âme se réjouit, dit le vieux Sultan dont les yeux brillèrent de joie. Vous êtes les premiers de mes anciens sujets que je revoie depuis si longtemps. Dites-moi vos noms !…

— Nubar et Hassein, aides de camp de Son Excellence Effendi-Pacha.

— Ces noms, dit le Sultan, je les retiens, et, quand je serai à Stamboul, je vous donnerai une place d’honneur auprès de moi. Je vous autorise à venir alors me rappeler la promesse formelle que je vous en fais aujourd’hui.

Les deux officiers s’inclinèrent et le plus vieux, Nubar, glissa un regard vers le prince Omar qui, depuis le commencement de l’entrevue, ne le quittait pas des yeux.

— Qui vous a envoyés ? reprit le Sultan.

— Son Excellence l’amiral.

— Est-ce sa personne ou sa flotte qu’il m’offre ?

— L’une et l’autre.

— Il est sûr de ses équipages ?

— Ses équipages lui obéiront aveuglément. Un seul capitaine de vaisseau d’origine allemande est dangereux ; l’amiral en sera débarrassé dans quelques jours par un… accident prévu.

— Je comprends…

Le Sultan réfléchit un instant.

C’était un heureux coup de fortune que celui-là, et il n’avait osé l’espérer aussi complet. Dix vaisseaux pou-