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Page:Driant - L’invasion noire 2-grand pèlerinage à la Mecque,1913.djvu/125

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Non : il eût transformé son camp en une véritable place forte où chaque bataillon eût occupé une redoute flanquée par les redoutes voisines, où des remparts très hauts et des fossés profonds eussent arrêté l’élan de ces fauves, où des défenses accessoires, herses aiguës, croix de Saint-André, trous de loup, réseaux de fil de fer les eussent maintenus sous le feu à courte distance.

Il se fût procuré des milliers de pots à feu qui lancés au plus épais de l’ennemi eussent transformé la nuit en jour, et des projecteurs électriques alimentés par des batteries d’accumulateurs pour permettre le tir de nuit aux grandes distances.

Il se fût adossé à une montagne infranchissable, ou couvert par des ravins escarpés pour éviter l’enveloppement.

Et le premier choc de l’Islam se fût brisé contre lui !

Pourquoi, dans l’espoir possible d’un retour en France, les deux officiers n’essayeraient-ils pas de jouer ce rôle ?

Et ils étaient tombés d’accord sur ce point.

Ils allaient observer ; déjà ils avaient remarqué que le contre-poison de l’euphorbe dont les Chillouks avaient enduit leurs flèches était la feuille de la « trapa », sorte de châtaigne d’eau abondante sur le cours de l’Azzeg et ils en avaient cueilli des échantillons la faune de France contiendrait peut-être quelques plantes aux propriétés similaires.

Mais ce qui les préoccupait le plus, c’était le terrible secret de Zérouk.

Les nègres ne parlaient qu’en tremblant de la foudre renfermée dans les outres ; quand elle éclatait par accident, elle creusait un entonnoir de 3 mètres de profondeur.

Si elle pouvait se fabriquer aussi facilement et en aussi grande quantité partout, c’était une arme dont l’effet allait être terrible sur les Blancs, si bien munis fussent-ils de matières semblables.

Aussi usant de l’entière liberté qui leur était laissée de suivre Omar partout, s’étaient-ils joints ce jour-là à l’escorte du Sultan, dans le secret espoir que cette visite à l’usine de Zérouk leur apprendrait quelque chose.

De Melval avait hésité ; il ne tenait pas à se retrouver en face de cet ennemi qu’il sentait plus dangereux que tous les autres, et qui lui faisait l’effet d’un serpent venimeux.